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Critique de Kenehan


Mission n°14 : Réattribuer une place de choix aux Services Secrets de Sa Majesté dans le Pacifique. Bonus : Tuer Ernst Stavro Blofeld.

Agent 7777 :
Ca ne va pas fort pour James Bond et comment l'en blâmer alors que son épouse fut exécutée sous ses yeux le jour des noces ? En pleine dépression, 007 multiplie les échecs sur le terrain et s'enfonce dans l'autodestruction et le je-m'en-foutisme au grand dam de son chef, M.
La neuropsychiatrie vient au secours de notre héros et propose une promotion vers une section au matricule de quatre chiffres. Bond garde son chiffre fétiche mais aura pour mission de retrouver les bonnes grâces des services secrets japonais sans éveiller les soupçons de l'omniprésente C.I.A., le tout par la diplomatie. Cela s'annonce très calme !

Le Tigre Tanaka :
C'est le big boss du Japon secret qui va prendre 007 en main pour mieux le ramener à la vie. Comment ? En noyant Bond dans la culture nippone. Quoi de mieux pour oublier ses malheurs que de fouetter sa vieille carcasse british et la remodeler à la sauce orientale ? D'abord réticent, James va petit à petit se laisser prendre au jeu. La culture japonaise se déballe sous nos yeux en un exotisme dépaysant. Ian Fleming prend son temps mais il nous montre à quel point il a potassé son sujet et mûri son intrigue.

Le Château de la Mort :
Les évènements s'enchainent de sorte que James Bond se retrouve confronté à son pire ennemi, le meurtrier de sa femme : Ernst Stavro Blofeld. Ce dernier a ourdi un nouveau plan diabolique : un château aménagé de tous les végétaux les plus mortels de la terre, un soupçon d'animaux létaux et quelques geysers d'origines volcaniques. le but ? Offrir un parc d'attraction de rêve à tous les suicidaires du coin. Et le pire c'est que ça fonctionne bien !
La seule chose que l'on pourrait reprocher à cette installation, c'est son manque d'exploitation en ce qui concerne Bond. Quelques chapitres et épreuves de plus n'auraient pas été de trop.

Kissy Suzuki :
Figure féminine prépondérante de cette aventure, elle incarne la rédemption d'Ian Fleming en ce qui concerne la misogynie ambiante de la saga bondienne. Elle participe de beaucoup à la renaissance de James Bond et se propose même d'être l'élue qui l'arrachera à ce métier destructeur qu'est l'espionnage.
Femme forte, elle gère son foyer comme toutes les filles de son île. Les "amas", sorte d'amazones nippones, créatures de la mer, sont l'âme et la source de revenue de l'île (encore qu'il ne s'agisse que de la description faite dans ce roman, à vérifier dans la réalité !). Bien que le statut de la femme reste peu avantageux (on ne les salue pas, par exemple), Kissy semble échapper à ce traitement sexiste. D'ailleurs, elle voit Bond comme son égale et lui parait en bien des situations supérieures. Etrangement, Bond s'est assagi à l'égard des femmes et ce n'en est que mieux !

Règlements de compte ?
Je ne connais pas assez l'envers du décor de l'univers "James Bond" mais je n'ai pu m'empêcher de remarquer deux petites critiques acerbes concernant Hollywood. Kissy Suzuki est une ex-star de cinéma qui aurait pu faire une carrière formidable en Californie mais qui fut dégoutée à jamais par l'ambiance et les gens de ce milieu qu'est le cinéma américain. Est-ce une façon pour Ian Fleming de soulager sa pensée, de se défaire de mauvaises expériences lors de l'adaptation de ses romans ?
Autre petit point, nous connaissons tous les James Bond officiels estampillés "Eon" mais quelques autres adaptations virent le jour dont une avec David Niven en 1967 (bien après la mort de Fleming) mais je n'ai pu m'empêcher de me demander si cette allusion récurrente à l'acteur britannique n'était pas une sorte d'adoubement de la part de l'auteur, surtout au vu de la manière élogieuse dont il l'évoque. A moins que les deux ne fussent amis...

On ne vit que deux fois :
Un roman où Bond affronte ses démons et sort vainqueur bien qu'il n'échappe à la mort que de peu. Sa mémoire n'est pas épargnée et celle-ci l'abandonne. Pour autant, il ne trouve pas le repos et ne peut s'empêcher de partir loin du petit paradis perdu qu'il avait déniché dans les bras de Kissy Suzuki. A l'image du final de "Bons baisers de Russie", la fin de ce roman aurait pu marquer l'arrêt de la carrière de James Bond. En lieu et place de la mort, il aurait coulé des jours heureux sur une île japonaise mais sa renaissance paraît le conduire de nouveau sur le chemin de l'espionnage...
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