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Critique de LecturesdeWicket


Malouines, 1982, la bataille fait rage entre l'Angleterre et l'Argentine dans un décor de guerre froide. Dans cet archipel sud austral situé à moins de mille kilomètres de l'Antarctique, Rodolfo Fogwill nous embarque ans le quotidien des fantassins argentins qui, terrorisés à l'idée de subir les attaques d'armes modernes d'une violence inouïe et inédite, se terrent dans des grottes en attendant la fin des combats. le lecteur partagera le quotidien de ces « tatous » du nom de petit animal sud-américain à carapace qui creuse et se recueille dans son terrier. Peu d'écrivain ont eu l'audace de porter le moindre regard sur ce conflit éclair, et encore moins de regards critiques. Mais c'est ici la seule et unique originalité du roman. A point de comparaison égale, nous pourrions citer les barbus dans les tranchées de Verdun, auquel cas le récit aurait bien du mal à susciter la compassion et la tristesse, comment lier un conflit de deux mois ayant fait moins de mille victimes et une guerre de quatre années ayant retiré des dizaines de millions de vie. Car, oui, ce conflit aura duré deux mois, la vie des tatous dans leur terrier, cinq à six semaines, et pourtant leur sacerdoce aura semblé interminable, bien qu'il s'agisse d'un combat naval et de pilonnage en premier lieu. L'auteur décrit fidèlement les états d'âmes et coutumes de ce groupe de terriens confrontés à la promiscuité, au froid, à la peur et à la faim, en utilisant un langage crû et vulgaire propre à ces jeunes recrues. Pour autant, le récit m'échappe et le fil rouge éclate dès la sortie des lieux. Les scènes sont mélangées, l'auteur cite la fin du conflit et le retour sur le continent pour mieux revenir sur les conflits quotidiens, les militaires ont plusieurs prénoms mais ne bénéficient jamais d'une description qui permettrait de les remettre, le narrateur est inconnu, et semble même parfois changer en fonction des situations. le conflit en tant que tel est ignoré, qu'il s'agisse de la chronologie, de l'origine de la bataille, de sa finalité ou de son implication géopolitique mondiale. Pire, le décor politique local, phagocyté par la peur que suscite la dictature des généraux, est à peine souligné. le récit sombre dans le chaos au rythme des pages tournées, la lecture parait plus dure et l'histoire, opaque. Des anglais apparaissent, amis, ennemis, ou collabos ? des nonnes évangélisent les champs, implication de l'Eglise, apparition, anecdote ? D'innombrables questions sans réponse, et dans le désordre. Somme toute, un profond dégout du conflit submerge le lecteur, apitoyé par le sentiment abject suscité par la guerre, mais l'auteur semble avoir rédigé pour lui-même, sans penser au lecteur qui doit faire preuve de caractère pour s'immerger proprement. Sous terre demeure une frustration, celle d'un potentiel énorme mais incorrectement exploité.
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