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Critique de ecceom


Vous avez réussi à gâcher la fête mercantile d'Halloween en éloignant les enfants quémandeurs à l'aide de pièges judicieusement placés dans votre jardin, mais vous ne devez pas relâcher votre effort, Noël arrive.
Pour être sûr de ne plus être invité à ces repas de famille, vous avez peut-être prévu d'évoquer la corrida, la chasse ou le pass sanitaire avant le dessert. C'est habile, mais classique.

Je vous conseille donc une alternative.
En offrant ce livre, vous allez immanquablement refroidir l'ambiance au pied du sapin quand la personne élue va ouvrir votre paquet (la Shoah le jour de la Nativité est le comble du mauvais goût !). Partant de là, votre mise en quarantaine familiale devrait suivre rapidement et vous éloigner ainsi des exclamations joyeuses qui accompagneront la découverte des consoles vidéos, du dernier Goncourt, des pompiers Playmobils, des cravates douteuses et autres chaussons rigolos à tête de caribou.

C'est tout bénéfice car vous pourrez alors, conscience apaisée, récupérer votre cadeau posé dans un coin et l'apprécier à sa juste valeur.

Pour ce qui me concerne, initialement acheté pour ma fille, je l'ai dévoré (le livre, pas ma fille). Ce roman graphique, nourri d'extraits du Journal illustre parfaitement ce qui fait l'intérêt de ce récit devenu un classique.

Au delà de l'histoire triste de cette jeune recluse et de sa famille, vivant pendant des années dans la crainte du moindre bruit et échouant à survivre si près du but, il y a l'incroyable maturité d'esprit de cette gamine et son don d'observation peu commun.

Il faut se plonger dans ce journal, non seulement pour y voir un témoignage sur cette période (à côté de tellement d'autres), mais surtout pour découvrir cette farouche lucidité d'une enfant qui s'interroge sur son rapport de haine parfois, d'indifférence toujours, avec sa mère, de sa jalousie par rapport à sa soeur, de son rapport aux autres, et notamment ceux qui partagent sa cachette de l' "Annexe".

Cette enfant que certains voudraient sanctifier est bien plus plus intéressante que sa réduction à un statut iconique. Intelligente, vive, elle a la dent dure, rêve de sexe et de cinéma, se cherche, s'analyse en permanence, déprime, exulte à la vue d'un coin de ciel et quelques étoiles. Elle imagine pour son futur, une destinée hors du commun. Sans une dénonciation de dernière minute, nul doute qu'elle aurait connu cette vie brillante.

Le père d'Anne Frank, seul survivant de la famille, a toujours affirmé avoir été abasourdi en découvrant et lisant ce journal, tant il témoignait de sa méconnaissance profonde de sa fille.

A la lecture de cet ouvrage, on comprend mieux ce qu'il voulait dire. Pour ce qui nous concerne en revanche, on a l'impression de mieux connaitre ce magnifique symbole et l'enfant qui l'habitait.

Un mot sur le dessin et la composition : remarquables. Les auteurs ont évité l'écueil du trait noir et lourd, du gris plombant, et réussi à distiller des pointes d'humour et de vie. Bravo !
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