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Critique de Blok


Les auteurs ont eu l'excellente idée de terminer leur ouvrage par une « déclaration d'intérêts » où ils énumèrent leurs sources de revenus et engagements, afin de bien établir qu'ils ne sont à la solde d'aucun lobby, ce dont nul d'ailleurs n'eût songé à les accuser.
C'est cependant très intéressant : nous apprenons ainsi que ce sont deux journalistes du Monde et un chercheur en sciences sociales, donc pas vraiment des scientifiques ; mais la science, ils en parlent abondamment et cherchent à l'instrumentaliser contre ceux dont la pensée est plus attachée aux valeurs rationnelles, précisément d'ailleurs cette instrumentalisation dont ils accusent ceux qu'ils attaquent
Ils dénoncent en particulier un réseau libertarien qui investirait les universités ; l'ennui est qu'on constate plutôt sur le terrain un entrisme de la nouvelle gauche et de ses idées fortes : théorie du genre, cancel culture, promotion des « nouvelles minorités (LBGT, musulmans -l'islam est la religion des pauvres, malgré son caractère réactionnaire, féministes, « racisés », le tout cuit ensemble dans la marmite de l'intersectionnalité). N'exagérons pas le péril, sont essentiellement concernées les sciences humaines. Il est vrai que les libertariens (y-en-a-il vraiment beaucoup?) ne sont pas vraiment dérangés par ce mouvement ; outre qu'ils sont par principe favorable à un libéralisme poussé en matière de moeurs, ils apprécient naturellement tout ce qui peut (ou pourrait, la classe laborieuse se moquant bien de ces concepts) détourner de la lutte des classes.se
par quel lobbyiste proche des libertariens est-il payé ?
Le corps du livre consiste en attaques contre des scientifiques qui affichent des idées « incorrectes » et s'appuient parfois sur certaines théories scientifiques en tentant de les discréditer, soit par de laborieuses tentatives de détruire ces théories, soit par des arguments ad hominem ; c'est ainsi que Bronner, Bricmont, Sokal (dont le nom est proche de celui de Soral, c'est louche...si, si, ils le laissent entendre.) ont droit à un lynchage en règlesavec d'ailleurs une parfaite mauvaise foi dans les arguments
Nos auteurs oublient souvent qu'un consensus momentané sur une théorie ne fonde pas sa vérité, qu'une théorie scientique peut toujours être réfutée, et que c'est même le critère de sa scientificité (elle doit être falsifiable pour reprendre le terme de Popper, et qu'il y a souvent des changements de paradigme)

J'en viens maintenant à ce qui m'apparait le plus grave : les auteurs attaquent Noam Chomsky, figure historique de la gauche américaine (quand elle se préoccupait encore de la classe ouvrière) et de la lutte contre la guerre du Vietnam ; ils lui reprochent son attachement inconditionnel à la liberté d'expression, qui selon lui n'est pas divisible et ne peut être refusée à personne.
Nos auteurs n'admettent pas cette conception humaniste. Selon eux, la liberté d'expression n'appartient qu'à ceux qui restent « dans le cercle de la raison » (pour reprendre l'expression de Rocard, qui d'ailleurs ne parlait pas de la même chose), raison telle qu'elle est définie par nos auteurs et les mouvances auxquelles ils se rattachent.
Et c'est ainsi qu'ils approuvent implicitement les manifestations destinées à empêcher un orateur extérieur de s'exprimer, un professeur de faire cours, voire à obtenir son renvoi (dans les pays anglo-saxons, cela étant pour le moment impossible en France), à faire modifier les programmes des cours, à obtenir des « cours non mixtes ».
Qu'on ne m'accuse pas d'atteindre le « Point Godwin », tout cela est proprement totalitaire ; dans les années 30, c'étaient les ligues fascistes qui empêchaient leurs adversaires de parler.

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