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Critique de Pingouin


Premier volume d'une Histoire de la sexualité que son auteur n'aura pas le temps d'achever, La volonté de savoir reste un ouvrage fascinant. Il n'en reste tout de même qu'une introduction.


Foucault, par le prisme de la sexualité et de tout ce qu'elle entraîne, mène une étude qui relève de la sociologie, de la philosophie, de l'histoire et de beaucoup d'autres domaines, tout ça en même temps. Il s'agit là de la spécificité de Foucault, pour ce que je connais de lui, il possède une connaissance incroyable de toutes ces disciplines, cela lui permettant de mener ses travaux avec le regard qu'apporte chacune de celles-ci, l'un permettant de nuancer celui de l'autre.
Il tente d'abord de démontrer que la sexualité d'un peuple est adaptée à ses nécessités, la nôtre serait dominée par une "volonté de savoir" du pouvoir. L'un des exemples lui permettant d'étayer cette thèse, est celui de l'aveu, qui est omniprésent dans tous les compartiments de notre vie, un phénomène croissant depuis que l'Eglise, au XIIIème siècle, a demandé à ses sujets de s'agenouiller une fois par an, ce afin de confesser tous leur pêchés. L'on se rend compte que ce besoin d'aveu est préparé pour s'implanter dans notre mode de vie depuis bien longtemps. Beaucoup de justifications pour nous pousser à avouer, l'une des plus en vogues, depuis la popularisation de la psychologie, est l'aveu permettant, non pas d'offrir à celui à qui on avoue notre vérité, mais de permettre à celui-là, de par notre aveu et ce qu'il engendre, de nous offrir notre vérité, qui se refuse à nous de prime abord, qui nécessite une interprétation extérieure pour être révélée; nous en sommes au point où comme Foucault le dit si bien, des personnes louent leurs oreilles, pour nous écouter parler et parler de nous.
Vous l'aurez compris et vous en serez douté même avant de me lire, cette Histoire de la sexualité n'est en aucun cas une histoire des pratiques sexuelles -bien qu'elles soient évidemment abordées-, une histoire de la perversion, ou une histoire de l'érotisme. La sexualité et la façon dont on la considère reflète en effet la manière dont notre société est organisée.
Mais ce premier volume ne fait qu'exposer la pertinence des travaux menées, ils ne sont pas approfondis. Il n'est là que pour nous apprendre à parler, ou au moins à comprendre, le langage que Foucault va employer dans les livres suivants et lui permettant la précision dont il a besoin pour évoquer des sujets aussi complexes; ne pas nous apprendre ce langage nous reléguerait dans l'incompréhension ou dans l'abstrait, au mieux, dans la mésinterprétation, au pire. de tels sujets nécessitent qu'on les peigne avec de minuscules pinceaux, et non avec d'énormes rouleaux à peinture.


Pour résumer, c'est un premier tome très intéressant et déjà très instructif, mais qui n'existe que pour préparer les suivants. Il ne se suffit pas à lui même ou, tout du moins, ne saurait exprimer son plein potentiel sans la lecture des suivants.
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