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Critique de Luniver


Une sexualité longtemps enfouie, brimée par la mentalité bourgeoise avant d'être soudainement libérée au cours du siècle dernier ? Foucault n'y croit pas. En analysant les discours sur la sexualité du 17è siècle à nos jours, il démontre au contraire qu'il n'y a eu qu'une lente progression du même phénomène.

Et ce phénomène, c'est l'aveu. Il s'est installé tout d'abord dans les confessionnaux, où les prêtres tentaient d'extirper la moindre trace de péchés chez leurs ouailles. Et pas question d'y couper, la confession annuelle étant un minimum syndical ! Petit à petit, la médecine s'est également emparée du sujet, dans un contexte où le sexe avait un impact considérable sur la « vigueur de la race ». Pour atteindre le saint Graal de la sexualité parfaite, elle a elle aussi demandé aux patients de dévoiler toutes leurs attirances et leurs moindres pulsions, pour les classer, les catégoriser et éventuellement les soigner. Dans cet état d'esprit, ni Freud ni mai 68 ne paraissent particulièrement révolutionnaire. Il s'agit encore et toujours de parler de sa propre sexualité, dans les moindres détails, en demandant anxieusement aux « experts » si l'on se trouve bien sur la bonne voie.

Sujet intéressant donc, et propos à contre-courant de ce qu'on entend habituellement. Malgré tout, l'essai se révèle un peu frustrant. Ce premier volume devait constituer l'introduction aux tomes suivants, et cela se ressent dans le texte, pas assez profond. Les motivations des différents pouvoirs et les mécanismes de domination décrits restent encore assez flous pour moi. Pour ne rien arranger, Foucault fait à peine un pas dans une direction qu'il se rétracte aussitôt, déclarant que le sujet n'est pas si simple et qu'il faut creuser encore pour le comprendre vraiment, ce qui ajoute encore de la confusion.

À mon sens, il ne faut ouvrir ce livre que si on a la ferme intention d'avaler les tomes suivants juste après. Mais en tant qu'ouvrage isolé, il risque fort de n'apporter que de la frustration.
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