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Critique de Nicolino


En commandant Hache Tendre Et Gueules de Bois le nouveau livre de Patrick Tad Foulhoux qui suit d'assez près son précédent sur les Thugs, je savais que c'était un gros volume. A dire vrai, une fois déballé je me suis retrouvé face à un bon pavé, une brique à la fière allure.

Le beau bébé de presque 800 pages est joliment préfacé par Thomas VDB, ancien journaliste de Rock Sound et fondateur du fan-club français de Korn avant de faire l'humoriste. Suit une introduction autobiographique qui met bien les choses en place, Patrick Foulhoux s'adresse à nous directement : il tutoie, le ton est donné, la musique c'est du sérieux et il va nous dire pourquoi et comment.

Après une longue chronique de Fun House parce que, je cite, "C'est l'album rock ultime", on plonge dans le grand bain.
Il ne nous prend pas par la main, non c'est plutôt un coup de pompe dans le @#$ à chaque page. Dès le début une chose est claire : je ne connais pas la moitié des groupes et artistes chroniqués. Je pensais avoir une culture musicale : que nenni. Ce livre rend humble et me renvoie dans les cordes. J'y ai déjà nagé des heures durant avec un grand plaisir, lire des pages sur Dr Feelgood, les Inmates ou les Bellrays est rafraîchissant. Je découvre des groupes comme Salade de Limace Aux Caméléons (j'ai cru à un gag), une belle surprise, ou Tom Bodlin, un one-man-brass-band. D'ailleurs je me suis demandé en parcourant les chroniques si par malice il n'avait pas glissé un ou deux groupes factices.
Le livre n'a pas d'index, ce qui pourrait paraître dommageable est finalement une excellente idée, ça oblige à fureter, feuilleter, se promener dans les pages comme dans les bacs chez un disquaire, on tombe sur des pépites inconnues ou sur des noms enfouis loin dans notre cerveau.
Il y a les évidents comme Sonic Youth, Kid Pharaon ou les Thugs, et il y a ceux dont on se demande pourquoi ils sont là, Charles Aznavour, Izia ou Michael Jackson. Ces derniers sont traités comme les premiers, avec autant d'irrévérence que d'amour. Ce livre n'est pas une encyclopédie élitiste, non c'est le Foulhoux *! Un énorme miroir qui nous envoie l'infinie culture musicale du bonhomme, qui casse pas mal de barrières et de petites boîtes bien étanches. Heureux de voir des gens comme Roy Orbison ou Johnny Otis côtoyés OTH et Parabellum, tous dans le même coin de ma mémoire musicale. le tout avec une gouaille incroyable, rien de docte ici, plutôt de l'espièglerie, un soupçon de mauvaise foi, de la subjectivité et surtout beaucoup de tendresse et d'humour !
Dans le coffre à trésors qu'est Hache Tendre Et Gueules de Bois il y a aussi de belles pièces de soul music, curieusement le ton de l'écriture change, l'impertinence s'éloigne et laisse place à des critiques bien plus respectueuses. Lisez ces beaux textes sur Martha & The Vandellas et Otis Redding, Aretha Franklin et Lee Fields. C'est ici que se cache la plus belle chronique du bouquin, No Time For Dreaming de Charles Bradley. La plus marrante étant celle consacrée à Massive Attack qui commence par : "Qu'est-ce qui m'attire dans cette musique d'ascenseur ?" à propos de Blue Lines.
Par contre pour le post-punk, la new-wave, et autres courants sombres il faudra continuer avec le dico du rock de Michka Assayas, ici point de Joy Division ou de Siouxsie & The Banshees. Idem pour la chanson française, Dominique A, Miossec ou Katerine sont absents.

Deux ou trois bouts de chroniques en guise de hors d'oeuvres. A propos de Dinosaur Jr : "a rendu le grunge élégant" ; David Bowie : "Il fait danser les anges désormais" ; les Screaming Trees : "Lanegan a continué en solo, il devait trouver Screaming Trees trop festif, pas assez dépressif". C'est de la petite phrase, mais ça reflète bien le caractère savoureux de ce livre qui n'est autre que la Bible du rock de A à plus que Z selon Saint Patrick Foulhoux

*voir Diesel And Dust de Midnight Oil
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