Voilà, je viens de terminer ce Chicago Requiem qui, bien que n'entrant pas dans le champ de mes lectures habituelles de par sa composante "romance" (une composante parmi d'autres, dois-je préciser), a su me captiver suffisamment pour que je le termine rapidement.
Le début m'a fait peur, j'avoue... Durant les quelques premiers chapitres, je me suis allègrement emmêlé les pinceaux entre les personnages, d'autant que l'auteure passe très rapidement de l'un à l'autre, qu'ils ont quasi tous le même âge (28 ans en gros), qu'ils gravitent tous dans le même milieu (la haute société de Chicago), qu'ils sont tous cousins-cousines et qu'ils sont tous beaux et/ou séduisants. Heureusement, la suite montrera que psychologiquement en revanche, ils sont tout sauf caricaturaux.
Une fois les protagonistes bien identifiés, on entre dans cette terrible histoire familiale avec intérêt, et de nombreux passages sont vraiment intenses et addictifs. Carine Foulon montre un véritable talent pour l'introspection de ses personnages, notamment les plus fragiles, et le couple maudit William Henderson - Susan Weaver a une réelle épaisseur.
Ce qui m'a empêché d'être totalement conquis par ce livre, ce sont les nombreuses incohérences macro ou micro-scénaristiques qui l'émaillent, et qui font parfois grincer des dents : personnellement, cela m'éjectait à chaque fois d'une immersion qui était pourtant bien là.
Quelques exemples : (ATTENTION SPOIL !)
- James attaque Susan à visage découvert alors que tout le monde le connaît puisqu'il était le chauffeur de la famille. Or, il n'a visiblement pas l'étoffe d'un tueur à gages, mais juste d'une petite frappe libidineuse.
- "Ah ah ! Sacrée Meredith, qui est en train de faire assassiner la femme que j'adore !" se dit William en se précipitant vers sa loge... mais tout compte fait, il retire le "sacrée"... ouf ! La morale est sauve !
- Un peu plus loin, Edward se demande bien ce que Meredith pourrait encore faire, mais ne semble pas se préoccuper plus que ça de la sécurité de sa femme Rose qu'il sait pourtant être sur la blacklist de cette folle.
- Toute la mise en scène autour du faux-enlèvement de Rose à la fin : on se demande bien pourquoi William se complique la vie à ce point. Il n'avait pas besoin d'elle pour flinguer son ordure de soeur de concert avec une descente des sbires de Johnny Torrio qui avaient de toute façon de légitimes raisons de faire la peau à toute la bande Cartridge.
Autre faiblesse assez récurrente : les dialogues. Certains sonnent faux et il y a de nombreuses répliques inutiles qui auraient gagné à être écrémées.
En fait, je me retrouve à faire un constat que je fais souvent avec les auteurs autoédités, et encore pas plus tard qu'il y a quelques jours avec "dévoreuse" de Didier Fédou : ça manque de relecture experte. Avec un travail éditorial de qualité, jamais ces bévues ne seraient passées, et de "bon", ce livre serait devenu "excellent". Car rien d'autre ne manque ! Ni le style, ni le scénario, ni l'épaisseur des personnages !
Mais, me direz-vous, avant d'être autoédité, ce livre a été édité ! Eeeeh oui, et c'est là que le bât blesse. De nombreux éditeurs (de plus en plus nombreux, hélas), soit parce qu'ils n'en ont pas le temps, les compétences ou les moyens financiers, sacrifient ce travail pourtant indispensable... et quelquefois, ce n'est guère mieux du côté de l'orthographe et de la syntaxe.
Fort heureusement, pas de problème de ce côté avec Carine Foulon : le niveau de langue est excellent, tout en restant accessible au plus grand nombre.
En bref, pour tout ce qui ne va pas dans ce livre, ce n'est pas à l'auteure que j'en veux, mais à l'éditeur, qui n'est pas à la hauteur des enjeux. L'auteure n'a pas le recul nécessaire sur son oeuvre pour voir toutes ces incohérences, et c'est bien normal.
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