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Critique de Meps


Je connais Fourest à travers les plateaux télés. Au départ, je reconnais que j'ai eu envie qu'elle soit tout bonnement censurée. J'ai trouvé qu'elle soutenait des thèses « islamophobes ». En tout cas, ses confrontations avec Tariq Ramadan en donnaient l'impression. Mais avec le temps, les faits et les lectures, j'ai admis que ce sentiment qui nous incite à vouloir censurer un auteur est juste pervers. C'est ce que Caroline Fourest veut démontrer dans son ouvrage Génération offensée. Si en France le mouvement de censure venant d'une meute d'inquisiteurs entretenue par et dans l'université de la peur n'en est qu'à ses débuts, aux Etats-Unis, cette politique fondée sur l'humiliation des artistes au nom de « l'appropriation culturelle » semble être devenue la norme. Professionnelle dans sa déconstruction de toutes les idéologies extrêmes, l'auteure observe que, même dans le temple du savoir qu'est l'université, on s'offusque à la moindre contradiction : « le droit de dire, lui-même, est soumis à autorisation, selon le genre et la couleur de peau. ». Cette intimidation va jusqu'au renvoi de professeurs.

En effet, si en France les études supérieures sont ouvertes à tous, aux Etats-Unis, les étudiants sont des « clients tyranniques » qui en veulent pour leur argent. Quand on sait le prix à payer pour étudier aux États-Unis (ça peut dépasser les 60 000 dollars par an à comparer à 400 euros en France), l'auteure en déduit que comme des clients rois, les étudiants américains exigent des diplômes qui ne les obligent pas à bousculer leurs certitudes. Elle cite Isshad Manji, une enseignante à l'université d'Hawai qui a été alarmée par la susceptibilité de certains étudiants : « Au moment où de plus en plus d'écoles enseignent aux jeunes à ne pas être offensants, elles doivent également enseigner à la nouvelle génération comment ne pas être aussi facilement offensée. ». Par ce cri d'alarme, Fourest met en garde ses lecteurs contre cette nouvelle forme de censure qui semble menacer la lecture et la création littéraire, scientifique, corporelle (la danse), capillaire, musicale, théâtrale… créations nous dit l'auteure fondées sur le droit au blasphème. Si l'art et la science sont menacés par une meute d'inquisiteurs qui s'offusquent d'une création en fonction de la couleur de son auteur, c'est qu'on tombe dans le racisme inversé. Ce qui est contreproductif pour l'antiraciste radicale qu'est l'auteure.

Ce livre m'aura permis de mieux découvrir l'auteure que quelques minutes de passages télés forcément réducteurs. le temps du livre permet de mieux exprimer une pensée de façon plus aboutie. le confinement et ce livre nous apprendrons donc au moins cela, le temps est le meilleur allié d'une opinion éclairée. Les emportements rapides des réseaux sociaux contre tel ou telle pratique censément offensante ne prennent donc pas le temps d'éclairer leur lanterne et restent confinés dans l'obscurantisme.

Merci en tout cas à NetGalley et aux éditions Grasset d'avoir fourni l'essence pour ma lanterne.
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