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Critique de gill


gill
22 novembre 2022
Le décor principal de ce récit est une profonde bibliothèque, "la cité des livres" érigée au prix de modiques pécules et d'un zèle infatigable, une collection qu'Hamilcar, le chat, défend contre tous vils rongeurs .
Le personnage principal de l'ouvrage est un philologue bibliophile, un vieux savant à la recherche de l'ancestral manuscrit de Jean ToutMouillé.
Sylvestre Bonnard, vénérable membre de l'Institut, a un peu peur de Thérèse, sa gouvernante.
Mais il sait mieux qu'il ne veut bien l'avouer déchiffrer le livre de la vie .
Il n'aime pas trop les gens raisonnables !
"Le crime de Sylvestre Bonnard membre de l'Institut" est un livre d'Anatole France, son premier roman, paru aux éditions Calmann Lévy en 1881.
C'est un livre à l'antithèse de la littérature d'aujourd'hui.
C'est un livre lent, sans véritable but mais tellement profond et agréable à lire.
Le mot y est éclairé par la lucidité souriante d'Anatole France.
Les réflexions à part, les conversations en font tout l'intérêt, plus que les situations et le fond d'un récit dont même son auteur semble peu se préoccuper.
"Nos passions, c'est nous.
Mes bouquins, c'est moi
Je suis vieux et racorni comme eux".
Anatole France a trente-sept ans mais son livre, déjà, est plein d'une sagesse désuète.
Il est entré de pleine plume dans le personnage de Sylvestre Bonnard.
L'ouvrage est composé de deux chapitres, qui pourraient être deux nouvelles distinctes mais qui, finalement, se tiennent et forment un roman par le ton, le style et le propos : "la bûche" et "Jeanne Alexandre".
La première partie présente avec gourmandise ce vieillard malicieux qui aime les livres et les gens, en même temps qu'elle démontre que le miracle de Noël n'est pas un mirage, et qu'un bienfait n'est jamais perdu.
La seconde est une longue réflexion, qui flâne le long de la vieillesse d'un homme qui reprend goût à la vie en arrachant de la misère une jeune orpheline.
"En vérité l'homme est fait plutôt pour manger des glaces que pour compulser de vieux textes".
Pourtant ce vieux texte d'Anatole France sait se faire profond, philosophique, sage et fou à la fois.
Il contient déjà en substance toute la pensée de celui qui deviendra une des plus belles plumes de son temps.
D'ailleurs "le crime de Sylvestre Bonnard", en 1882, a été récompensé par l'Académie française par son prix Montyon, le prix littéraire alors décerné à l'ouvrage "le plus utile aux moeurs".
Et pourtant, cet ouvrage d'Anatole France est déjà plein de la tranquille subversion que son oeuvre entière a portée sans jamais faiblir ...


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