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Critique de gabb


Miam, un bon pavé bien copieux comme je les aime !
Fidèle à lui-même, l'auteur des Corrections et de Freedom nous propose ici une nouvelle (grosse) pépite aux multiples facettes, où différentes histoires familiales alambiquées s'entremêlent sur plusieurs décennies et plusieurs continents pour donner corps à un récit des plus palpitants !

Au centre de cette toile d'araignée narrative, tissée une fois encore de main de maître, la jeune Purity (appelez-la Pip pour ne pas la froisser) se débat contre l'avis de sa foldingue de mère pour retrouver la trace d'un père qu'elle n'a pas connu, et qui pourrait peut-être l'aider à solder son prêt étudiant.
Sa quête l'emmène d'abord jusqu'en Bolivie, où elle intègre un groupe de lanceurs d'alertes dirigé par le charismatique Andreas Wolf, un dissident berlinois sulfureux qui marche sur les traces de Julian Assange et d'Edward Snowden.
Wolf se révèle obsédé et manipulateur, mais Pip parvient à se libérer de son emprise et retourne à Denver pour décrocher un poste de journaliste d'investigation à l'ancienne, aux côtés de Tom Aberant et de sa femme Leïla.
Inutile d'extrapoler plus avant sur ce pitch à tiroirs, le roman est bien trop dense pour que son résumé tienne en 10 lignes !

Applaudissons plutôt la qualité de cette incroyable fresque psychologique, l'épaisseur de cette galerie de personnages tous plus ou moins névrosés et "interconnectés", et la fluidité des nombreuses digressions et autres flash-back biographiques qui étoffent à merveille le roman.

OK, malgré quelques situations cocasses, la compagnie de tous ces fêlés n'est peut-être pas la plus indiquée pour se détendre cet été sur la plage (relations de couples tordues, mensonges et paranoïa, sentiments de culpabilité, liaisons toxiques, pouvoir de l'argent, pulsions sexuelles malsaines...)
Il n'empêche que je me suis régalé de la première à la dernière page, que j'ai été touché par le désarroi de Pip, amusé par la loufoquerie de sa mère, effrayé parfois par la schizophrénie d'Andreas, interpellé par les relations parents/enfants souvent conflictuelles, et ému par les destins croisés de Léïla, de Tom, et de sa première épouse.

N'en déplaise à ceux qui ne voient en Franzen qu'un cérébral pompeux et tourmenté, je le considère quant à moi comme un grand écrivain ! En plus de nous offrir des dialogues vraiment décapants, il a réussi à ancrer son roman à la fois dans Allemagne de l'Est au temps du communisme, et dans l'actualité de notre XXIème siècle, en nous invitant à réfléchir sur la nouvelle dictature de la transparence, le totalitarisme d'Internet, le rôle des médias et l'évolution du journalisme. Grand écart parfaitement maîtrisé !

Ils sont rares les livres de 700 pages qui, une fois refermés, nous font dire qu'on serait bien reparti pour quelques chapitres supplémentaires : Purity est de ceux-là !
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