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Critique de Marpesse


Le sourire de l'ange, publié en 2003 après la deuxième Intifada, aurait pu être écrit aujourd'hui. Malheureusement, rien n'a changé, et l'antisémitisme reste désespérément le même.
Dans ce roman, Émilie Frèche raconte l'histoire de Joseph, jeune Israélien qui a perdu ses parents dans un attentat (une bombe a explosé dans le restaurant où ils se trouvaient à Tel Aviv). Il arrive en France, où il n'a jamais mis les pieds, et se retrouve chez son grand-père qu'il ne connaît pas, aux Coteaux, cité de la banlieue de Mulhouse. C'est tout le contraire de Tel Aviv : des barres d'immeubles, du gris, du terne, ironiquement baptisées du nom de grands auteurs français... Joseph comprend très vite qu'il ne va pas pouvoir dire qu'il est juif, son grand-père lui conseille même de changer de nom. L'antisémitisme des quartiers est très fort. Les lycéens qu'il côtoie sont "anti-feuj", au nom de la défense d'une fantasmée Palestine et d'un conflit israélo-palestinien auquel ils ne comprennent (et ne savent) rien, prétexte à déverser leur haine de l'autre et affirmer son identité.
À son arrivée au lycée, Joseph, devenu Pierre Vidal, a tout de suite le coup de foudre pour des jumeaux, Mélik et Leïla. Il est fasciné par eux, la personnalité de Mélik et la beauté de sa soeur, sur qui ce dernier veille (un peu trop) comme sur sa fille. Très vite, Joseph devient l'ami de Mélik, qui le croit musulman comme lui (Joseph a le teint mat, il est circoncis...), l'entraîne au Château, un lieu qui appartient au Hibou, horrible personnage sans foi ni loi.
Joseph est très attiré par Leïla, mais n'envisage même pas de la séduire car il sait que son frère verrait cela d'un très mauvais oeil. Leïla fait de la boxe, et cela ne plaît pas beaucoup à ce frère possessif... Les parents des jumeaux accueillent à leur table Joseph : là bas, il se sent comme chez lui ; il met en avant ses origines algériennes sans que personne suppose qu'il puisse être juif.
Il est témoin très régulièrement de la haine antisémite, entend des propos ahurissants sur Israël (les mêmes qu'on entend aujourd'hui, et pas seulement de la part des gens des quartiers). L'auteur s'appuie sur des faits réels, comme celui-ci, complètement fou mais qui a vraiment eu lieu dans un établissement de Boulogne-Billancourt en 2002.

(...)

"Le sourire de l'ange", c'est une torture qu'on inflige à un ennemi : on lui entaille les commissures des lèvres, verse du citron sur les plaies. Sous l'effet de la douleur, il crie et se fend les joues jusqu'aux oreilles. La fin est peut-être trop visiblement amenée (je n'aurais pas détaillé "le sourire de l'ange" au début du livre qui porte déjà ce titre, ou de façon plus discrète, afin de surprendre et heurter le lecteur, qui s'attend forcément au dénouement...) Mais la tension est là ; on s'attache à ce jeune Juif qui se trouve pris dans une détestation qu'il n'aurait pas soupçonnée quand il vivait dans son pays, au bord de la mer.
C'est tristement criant de vérité sur une situation qui ne cesse d'empirer, une démonstration de la bêtise à l'état pur, contre laquelle on a l'impression de ne rien pouvoir faire, même si Émilie Frèche, engagée dans la lutte contre l'antisémitisme à travers ses livres et ses prises de parole publiques, nous donne quelques minces raisons d'espérer.

Article en entier sur le Manoir des lettres

Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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