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Critique de horline


Dans un thriller pur jus, tous les éléments narratifs et psychologiques mènent à un dénouement. Pas chez Emily Fridlund qui, d'une certaine manière, lorsqu'on jette une grosse pierre à l'eau, préfère attirer l'attention du lecteur sur les oscillations qui se forment à la surface de l'eau. Peut-être parce que c'est un roman sur la parole tue, la parole engloutie.
Même si les premiers paragraphes de Une histoire des loups portent en eux les germes du thriller psychologique classique avec un cadre, un coin paumé du Minnesota entre bois marécageux et lacs gelés qui imprègne la plume de l'auteure, un drame avec une mort annoncée très rapidement, ce roman n'est pourtant pas un simple jeu de piste.
La tragédie est presque évitable et lointaine, Emily Fridlund prenant soin de nourrir avec des images furtives et des dialogues étranges un suspense inhabituel qui s'étire lentement. le rythme nous plonge dans une torpeur monotone avec des personnages qui nous apparaissent de manière évanescente, comme des ombres chinoises, avant de voir l'intrigue se démêler de manière curieuse, dans une espèce de précipitation sombre et chaotique.
Une construction bien déconcertante qui est susceptible d'en décourager plus d'un, notamment au regard des traits d'ambiance ; les ellipses et les chassés-croisés entre présent et passé génèrent des promesses, des attentes chez le lecteur qui ne seront pas récompensées si on recherche l'efficacité narrative.
On se laisse embarquer par le récit si on adhère à la volonté de l'auteure de restituer le chaos de l'esprit et la valse des sentiments propre à une adolescente pas bien née. Loin de vouloir mener l'intrigue de manière souveraine, l'auteure emprunte le chemin tenu de la conscience de Linda, quatorze ans, témoin du drame. La jeune fille s'impose à nous avec sa difficulté d'être en prise avec le monde et sa solitude que l'on décèle à travers son poisseux ennui, ses pulsions obscures, mais aussi sa stupéfaction face à la tragédie.
En se concentrant sur cette jeune fille à moitié sauvage, livrée à elle-même par des parents négligents, le récit prive d'une certaine intensité tragique le drame qui se joue sous nos yeux. le récit est implacable d'autant plus qu'il y a chez Emily Fridlund une capacité à restituer les comportements et les sentiments de l'adolescente en tournant le dos à toute analyse psychologique. Il n'y a pas d'échappatoire, d'une manière directe on se prend tout en plein visage comme un bloc de glace, le tempérament bourru voir brutal de Linda ôtant toute sa part d'empathie au récit.
Ce n'est pas le roman le plus agréable que j'ai pu lire mais il témoigne de belles qualités de l'auteure.
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