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Critique de paolinna


Ce livre est dense ! J'avais vraiment peur de ne jamais terminer cet essai en me lançant, mais en y allant petit à petit, chapitre par chapitre, je suis arrivée au bout.

C'est une lecture très intéressante, qui retrace vraiment tout le cheminement qui a mené à l'image idéalisée de "la femme au foyer" américaine et comment cela a réduit les femmes à de vulgaires pantins.

Betty Friedan commence son essai en rappelant qu'avant les années 50, la première vague du féminisme avait permis aux femmes de commencer leur chemin vers l'émancipation avec par exemple l'obtention du droit de vote (en 1920 aux USA), l'accès à l'université et au travail. Alors que s'est-il passé ? Suite aux retours de guerre, les hommes ont eu besoin de se rassurer et rétablir l'ordre qu'ils avaient toujours connu, retrouver une certaine position de force qu'ils avaient perdu face aux horreurs de la Seconde Guerre Mondiale.

Mais comment rétablir cet ordre sans faire de vagues ? En retournant la situation. En faisant du rôle de ménagère une fonction essentielle, existentielle dans la société. Conditionnées dès leur plus jeune âge, on apprenait aux femmes que c'était leur devoir de prendre soin de la maison et des enfants, qu'elles contribuaient ainsi au bonheur de leur homme et de leur famille, au bonheur de la patrie. D'ailleurs la famille était au centre de tout : rien ne doit rendre une femme plus heureuse que son foyer.

On tuait leurs ambitions avant même qu'elles naissent. Si on leur accordait le droit d'aller à l'université, c'était surtout pour se trouver un mari, pas faire des études. On effaçait leurs intérêts, leurs personnalités, et transformait leurs envies. Et pour combler le vide que laissait l'absence de travail et de projets ? On inventa l'électroménager, on diversifia l'offre des produits ménagers, créant petit à petit un besoin qui n'existait pas. Pendant des années, on a fait croire que pour être une femme accomplie, la meilleure des femmes, il fallait être la meilleure ménagère. Et je ne parle même pas de l'influence de la pub...

Mais il faut aussi prendre un peu de recul. L'essai de Betty Friedan ne concerne qu'une partie de la population américaine, principalement les femmes blanches qui pouvaient se permettre d'être femmes au foyer dans de grandes maisons. Ayant été publié en 1963, son texte manque d'ouverture sur certains points, et n'est pas inclusif. Mais il a eu le mérite d'ouvrir la discussion sur le sujet, de faire entendre ces femmes qui se mourraient petit à petit.

Même s'il y a beaucoup de répétitions et digressions (je pense sincèrement qu'un tiers du livre pourrait être supprimé et le propos resterait tout aussi compréhensible), cela reste un essai très intéressant pour mieux comprendre la société patriarcale, et d'où viennent toutes ces injonctions infligées aux femmes depuis des années.
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