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Critique de Hugo


Petit je rêvais d'être un baroudeur, avec mon sac à dos, mon chien, ma bite et mon couteau, comme ils disent dans le métier…avec le couteau tu manges, avec ta bite tu pisses, parfois tu imagines, et souvent tu joues… du coup plus grand j'ai commencé par devenir un touriste, genre petite bite, voyage organisé avec plein de touristes comme moi…

Le truc c'est que les gens, quand tu leur parle de tes voyages, ils méprisent ta banalité, ouais la Thaïlande trop de touristes, ouais les Philippines trop de touristes, Bali trop de touristes, Croatie, Turquie, trop de touristes…

- Ah ouais et du coup tu pars ou toi ?

- Moi mec je vais camper dans le Morvan entre la pluie et l'averse, je vais me cailler les nuages qui se grisent au son du néant qui m'entoure, l'ivresse de la nature qui m'enlise jusqu'au genoux, je me perds dans l'oubli d'un monde boueux de médiocrité…

- OK bah moi je vais rincer ma déprime citadine sous le soleil brulant de désir de me cramer ma bêtise, avec mes shorts et mes tongs, et ma peau toute blanche, enduit d'une chaleur suffocante, j'emmerde le grand nord, et les aventuriers en tout genre, je dors dans des hôtels de petit luxe réservés à la classe moyenne, je me douche à l'eau chaude, je taquine la raie dans des draps propres, et je croise des tortues majestueuses qui brassent leur liberté dans les courants légers d'une mer claire et rassurante… moi bercé par le silence des bulles qui s'échappent de l'immensité qui m'enivre, puis je remonte mon sourire à la lumière d'une chance inouï : celui de vivre un peu de mes rêves… dans l'ivresse des profondeurs...

Alors oui la route est tracée et banalisée, mais tout aussi passionnante…

Et notre héros lui, il vit un rêve d'enfant, le grand frisson dans le grand froid, un récit qui ne se la raconte pas, sans branlette, fait trop froid pour se tripoter, alors voilà le gars se retrouve avec sa solitude, sa routine, ses compagnons de chasse, ses doutes, ses peurs… il neige, il motoneige, il cuisine, il chasse, il dort, il se pèle le cul dans une galère qui le fait bander, libre comme l'air du grand nord...

Là bas, l'air est si pure que ça vous donnerait presque envie planter votre tente dans le salon, d'ouvrir les vélux en grand pour chasser le tigré de Sibérie qui court après cette souris synthétique que vous lui avez acheté pour Noël, et ainsi éviter qu'il émiette le reste du mobilier, putain ils sont deux les petits enculés, mais rien à faire, ils font une fixette sur le simili cuir tanné de mes chaises, alors vous traquez les bêtes sans relâche à travers votre appartement comme un trappeur des immenses terres du nord… mais déjà au bout de quelques minutes de caresses et de ronronnements intensifs, la fatigue vous gagne, alors emmitouflé dans votre duvet du soir naissant au coin de la télé crépitante, vous imaginez toutes ces femmes nues qui peuplent les terres arides de vos fantasmes, et cette femme presque inaccessible qui à peine effleurée s'évanouit de vos songes profonds pour s'envoler avec vos désirs les plus fous, ceux d'un vieux gosse qui rêvait d'être un baroudeur mais qui n'est en fait qu'un touriste… une petite bite quoi... manque plus que le couteau...

A plus les copains…
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