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Critique de Aline1102


Vincente Valera était acteur de série B, jusqu'au jour où il a remporté un Oscar. Mais loin d'améliorer sa carrière, cette récompense a plutôt déstabilisé son public et, depuis, Valera est au chômage.

Valera décide donc de s'offrir quelques jours à Acapulco, afin de se détendre et d'oublier le petit monde du cinéma.

Sur place, il fréquente les boîtes de nuit et les bars et finit la soirée dans un endroit qu'on lui a renseigné comme étant une maison close, mais où les filles ne font que danser et où les clients ne peuvent les toucher. Frustré, Valera décide d'inviter les sept filles et la patronne de la boîte sur le bateau qu'il a loué pour le lendemain, les Deux-Amériques.

La patronne accepte et embarque, avec ses sept protégées, sur les Deux-Amériques. Mais, alors que le bateau est en pleine mer et la patronne à la barre, Valera meurt d'une crise cardiaque. Commence alors une longue période d'angoisse et de réflexions pour les occupantes du bateau: elles ne savent pas quoi faire du corps, elles sont incapables de manoeuvrer le bateau, et les provisions commencent à manquer...


Apollon et les putains est une nouvelle assez spéciale, mais pas désagréable.

Il s'agit, en fait, d'une parodie de la littérature pornographique, ce qui explique le titre assez choquant au premier abord. Et, malgré quelques allusions au cours du récit, le sexe n'est pas tout dans cette courte nouvelle.

En réalité, grâce au décès imprévu de Valera, l'histoire prend une tournure assez intéressante, puisque l'auteur développe alors les introspections de chacun de ses personnages, y compris celles du mort, qui, malgré son état, est toujours conscient et parvient à comprendre les pensées des sept danseuses et de leur patronne.

Pour Valera, donc, la mort se manifeste par une capacité à comprendre tout ce qui l'entoure de façon absolue, comme s'il était tout d'un coup devenu un personnage omniscient, capable de tout connaître de n'importe quelle personne se manifestant dans son champ de vision. Cela apporte une atmosphère quelque peu spéciale au texte, mais également très utile: qu'y a-t-il de mieux qu'un narrateur omniscient pour nous révéler tous les petits secrets des autres personnages?

Et ici, c'est bien évidemment le cas, puisque grâce à Valera et au nouveau don qu'il a acquis en décédant, on en apprend beaucoup sur les filles, au point que certaines d'entre elles commencent à provoquer la pitié.

Ainsi, alors qu'elles dérivent lentement à bord du bateau laissé sans capitaine et qu'elles sont entourées par l'immensité de l'océan, les danseuses songent à leur vie passée comme elles ne l'ont sans doute jamais fait avant. Peu à peu, chacune se souvient des faits marquants de sa vie, des événements ayant mené les petites filles qu'elles étaient sur le chemin qu'empruntent, chaque jour, les femmes qu'elles sont devenues. Pourquoi avoir choisi de devenir danseuse dans ce bar? Avaient-elles réellement le choix? Quels avantages cette situation comporte-t-elle par rapport à leur vie d'avant?

Et ce qui est encore plus intéressant, c'est que Valera lui-même finit par réfléchir sur sa propre vie, sur sa carrière et sur son passé. Lui aussi se pose des questions: que reste-t-il de cette carrière? Qu'a-t-il fait de bien pendant les cinquante-cinq années de son existence? Quels regrets éprouve-t-il?

Une nouvelle très intéressante, étonnante et haute en couleurs, sous-tendue par une réflexion intéressante sur la vie et sur les choix auxquels elle nous confronte.
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