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Critique de Gruizzli


Après avoir refait une lecture et un avis sur L'Idiot du même auteur, j'ai découvert complètement par hasard qu'un autre de ses mangas, le premier plus exactement, avait été publié par Casterman il y a de cela dix ans et tombé complètement dans l'oubli (le manhwa est quasiment introuvable sur les sites en ligne d'ailleurs). Et c'est complètement par hasard que je l'ai trouvé sur un Emmaüs, commandé et lu dans la foulée !

Ce qui ressort de cette lecture, c'est qu'on sent que Kang Full en est ici à son premier manhwa et qu'il fait encore ses armes sur quelques points. Notamment au niveau du dessin, mais j'y reviendrai. Et pourtant, toute la substance de ce qui fera son style et sa force est déjà présent dans cette oeuvre de "jeunesse" : la multiplicité des personnages et des points de vue, le rapport au petit monde et microcosme sociétaux, les interactions sociales avant tout, le minimalisme du dessin et un attachement profond à rendre les sentiments et les émotions avant tout. Sans crier au chef-d'oeuvre, on a là une petite série dans laquelle l'auteur fera ses armes qu'on verra exploitées d'une superbe manière ensuite. Et ce n'est pas pour me déplaire !

Ce manga est une comédie romantique pur jus, avec une trame au final très peu développée et plutôt linéaire, mais avec quelques bonnes idées qui vont parsemer l'oeuvre et l'amener à des petites touches aussi bien poétique, romantique ou humoristique. Sans jamais tomber dans le pathos ou le sentimental dégoulinant. Une des raisons est la grande pudeur avec laquelle l'histoire d'amour centrale est développée : par petites touches, par réflexion et économies de mots, c'est un développement progressif et plutôt lent. Mais en même temps, c'est une histoire d'amour quelque peu originale qui s'installe, avec son petit lot de surprises. Certes, c'est un peu facile et fleur bleue, mais bon, on ne se refait pas ... Et puis, il y a quelques très belles phrases et considérations sur l'amour et sur ce qu'on en fait. Ou ce qu'on en vit ! Et j'ai beaucoup aimé la saveur un peu amère qui se dégage de certaines relations. L'auteur évite l'écueil du "tout est beau", et même si un happy end un peu trop net viendra à la fin, il reste quelques petites pointes d'amertume dans le récit qui font tout son charme. Sans parler d'un fait tout bête : prendre son temps. le récit se développe en deux tomes, avec de nombreuses planches sans textes et un écoulement du temps que l'on sent. Et c'est une des forces dans les histoires d'amour, selon moi : prendre le temps d'installer le quotidien et les petites attentions, les petits moments qui tissent la relation. Kang Full sait habillement jouer sur le temps dans son récit, en dépouillant le cadre et en insistant avant tout sur la répétition des jours, ce qui donne un sentiment d'étirement du temps plutôt bien senti. Une jolie petite histoire donc !

Niveau dessin, j'ai découvert avec ce diptyque que l'auteur avait commencé sur le net en faisant du manhwa en ligne. Cela se ressent, notamment dans le dessin du premier album (et surtout la première moitié) où les approximations et les dessins sont plus souvent typés et moins précis. Mais au fur et à mesure, l'affinement du trait arrive. J'aime beaucoup découvrir les débuts d'un auteur, et à travers le dessin j'ai senti comment Kang Full travaillait progressivement son trait pour arriver au final de celui que j'admire tant. Il sait habillement jouer avec le dépouillement de l'histoire, les expressions et les touches de couleurs. Une jolie découverte progressive.

Un joli diptyque pour fan du genre, mais qui mérite une lecture, à mon avis !
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