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Critique de 5Arabella


Ce roman est souvent présenté, avec le double assassinat de la rue Morgue, comme l'un des premiers textes à l'origine du roman policier. Paru en 1865 en feuilleton sans grand succès, il le connaîtra après remaniement l'année d'après. Gaboriau va persévérer dans ce qui est en train de devenir un genre en faisant paraître d'autres livres basés sur des enquêtes criminelles, qui auront pour principal personnage un certain Lecoq, qui ne fait qu'un passage très rapide dans ce premier opus.

Nous sommes en 1862. Une femme, dite la veuve Lerouge est retrouvée assassinée dans sa maison de Bougival. le juge d'instruction Daburon, assisté par le commissaire Gévrol sont appelés sur les lieux du crime. Un certain Lecoq, qui fait partie de l'équipe de Gévrol conseille au juge de faire appel aux talents d'un certain Tabaret, retraité qui s'est pris de passion pour la résolution d'énigmes policières, et qui grâce à des talents de déduction hors du commun a permis à la police de résoudre des affaires sur lesquelles elle bloquait. Tabaret appelé sur la scène du crime va arriver à des conclusions très fortes, qui sembleront mettre Gévrol sur la touche. Tabaret va faire encore plus fort, et semble-t-il un peu par hasard, grâce à un de ses locataires, fournir un coupable qui semble certain à la police.

Nous trouvons bien dans ce roman quelques d'éléments que l'on considère spécifiques au roman policier : un meurtre, un scénario de déductions rigoureux. Mais l'intrigue de Gaboriau présente aussi des caractéristiques de la littérature feuilletonnesque, du mélodrame en vogue à l'époque. le personnage de Tabaret est juste une esquisse du détective, comme le seront Sherlock Holmes ou Hercule Poirot : il ne vit pas de ce métier, qui lui coûte en réalité de l'argent, et il arrive à ce qu'il pense être la conclusion un peu par hasard, grâce à une de ses relations. Il disparaît quelque peu à un moment du roman, et c'est Gévrol qui amène des éléments décisifs. D'ailleurs Tabaret renoncera à ses velléités de résoudre des énigmes policières à la fin du livre. Ce n'est donc pas un personnage complètement abouti, c'est Lecoq, simple comparse dans cette première tentative qui deviendra un véritable archétype. Mais il pose un certain nombre de points qui seront importants dans l'évolution du roman policier : la justice et la police sont de lourdes machines, avec des fonctionnements routiniers, et il faut pour aboutir à la vérité, surtout dans une affaire qui sort d'un cadre connu, des personnalités hors normes, qui ont l'agilité et la liberté de penser en dehors des schémas convenus, pour arriver à damner la pion aux criminels inventifs, capables de tirer profit du caractère sclérosé des institutions.

Mais ce que l'on pourrait appeler l'intrigue policière n'est qu'une partie du roman. Ce dernier brosse aussi des portraits de personnages, de milieux sociaux, donne une représentation de la société, transmet une morale. Assez conventionnelle d'ailleurs. Et selon les règles du mélodrame, la justice et le bien triomphent, après des épreuves imposées aux personnages vertueux, qui sortent grandis de l'expérience. A l'inverse, les scélérats sont punis, et la victime a au final bien mérité son triste sort. le désordre provoqué par le crime se trouve résolu, et l'ordre est restauré, permettant un renforcement des hiérarchies sociales et des normes en vigueur.

Malgré certaines longueurs, cela reste terriblement efficace et prenant. Même si l'on se doute un peu du dénouement, Gaboriau ménage jusque la fin un suspens, une action trépidante, avec une maîtrise redoutable.
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