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Critique de Clelie22


La maison d'édition de livres audio Voolume semble avoir pris à coeur de ressusciter Monsieur Lecocq, héros d'Émile Gaboriau, enquêteur aux capacités de déduction hors normes et qui n'a rien à envier à Arsène Lupin ou Sherlock Holmes. Il aurait d'ailleurs inspiré ces personnages avant de sombrer dans l'oubli.
Après l'aventure sobrement intitulé Monsieur Lecocq, Voolume ressort des cartons poussiéreux une autre enquête du génial inspecteur de la Sûreté : le Dossier N°113.

Au départ, rien ne semble plus facile à résoudre que ce vol de 350 000 francs dans un coffre de banque dont seules deux personnes possèdent la clé. le banquier n'ayant a priori aucune raison de se voler lui-même au risque de ruiner sa banque et sa réputation, les soupçons retombent nécessairement sur son caissier principal, jeune homme à la vie quelque peu dissolue. Tant pis si celui-ci persiste à se déclarer innocent : c'est une affaire classée ! Mais l'affaire ne se classe pas si facilement, si ce n'est dans la pile des affaires non résolues, marquée du n°113... Car les preuves manquent pour inculper le caissier. Relâché mais non innocenté, comment pourrait-il rétablir son honneur ? L'étonnant M. Verduret, ami de son père, sera-t-il vraiment en mesure de l'aider ?

Ce roman part sur un pied beaucoup plus classique que Monsieur Lecocq : un classique "whodunit" avec deux suspects. Si le lecteur peut se laisser tenter un moment par le jeu du pouf-pouf-ce-sera-toi-qui-est-le-coupable, il se rend vite compte qu'il faut élargir la liste des suspects. Malheureusement, l'intrigue nous mâche un peu le travail en nous présentant assez rapidement des personnages plutôt louches. Dès lors, le fin mot de l'énigme ne réside plus tant dans "qui a fait le coup ?" mais "pourquoi ?" et, pour les plus curieux, "comment ?". Comme dans Monsieur Lecocq, le crime trouve sa source dans le passé. le récit des événements qui ont conduit à ce crime n'occupe pas un tome entier mais plusieurs chapitres censés être le rapport d'enquête de Lecocq mais qui tire en fait tant vers la littérature que l'inspecteur devrait peut-être envisager un changement de carrière... Heureusement, Émile Gaboriau a eu la bonne idée de laisser planer une petite phrase lourde de menace avant d'entamer ce long retour en arrière qui pourrait lasser le lecteur.
Émile Gaboriau a un vrai talent pour tenir son lecteur en haleine. Même quand le lecteur commence à entrevoir la clé du mystère, il a encore deux-trois questions sous le coude pour l'inviter à lire les autres épisodes du roman-feuilleton.
Cela dit, arrivé à la fin, ce roman ne laisse pas un souvenir impérissable. Notre héros y apparaît finalement peu. Ce n'est pas forcément un inconvénient lorsqu'on s'appelle Arsène Lupin mais Monsieur Lecocq a beaucoup moins de présence. Tout aussi arrogant et sûr de lui, il est moins sympathique. La révélation finale sur les raisons qui l'ont poussé à s'impliquer dans cette enquête aurait pu donner un peu d'épaisseur et de chair à ce personnage mais cela arrive très tardivement et tombe à plat. On comprend mieux pourquoi Lecocq est tombé dans l'oubli, contrairement à ses deux illustres successeurs.

En ce qui concerne la narration, je rejoins l'avis d'autres lecteurs de ce site. Je n'ai été ni emballée ni convaincue par les intonations que prend parfois le lecteur pour distinguer les personnages. Cela avait tendance à manquer de naturel. J'ai trouvé la lecture moins agréable que pour l'enregistrement de Monsieur Lecocq.

Merci à la plate-forme Netgalley et aux éditions Voolume pour cette découverte sympathique, même si elle était moins enthousiasmante que le précédent enregistrement.

Challenge XIXe siècle 2023
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