AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


BazaR
19 février 2018
J'aime bien découvrir l'univers d'un auteur à travers un recueil de nouvelles. Ça ne marche pas toujours (exemple avec Chloé Chevalier et le recueil Fleurs au creux des ruines) mais parfois c'est une porte d'entrée avec un paillasson moelleux et une bonne odeur de feu de cheminée qui me poussent à franchir le Rubicon. Ça a marché avec Lionel Davoust, ça marche encore avec Mathieu Gaborit.

Ce petit recueil balaie en huit nouvelles toute l'étendue des imaginaires avec lesquels Gaborit s'est colleté. Certaines s'inscrivent dans ses cycles les plus célèbres – Les Crépusculaires ou les Chroniques des Féals – d'autres sont de purs one-shot. Certaines jouent dans les cours de fantasy, d'autres titillent le fantastique, orbitent autour du steampunk ou nous embarquent dans un opéra de l'espace. Bref il a touché à tout.

Intégrées à des cycles ou one-shot, l'auteur parvient à nous imprégner du décor avec assez de réussite pour que l'on se sente plongé dans un monde cohérent et compréhensible. Ses univers sont colorés, riches parfois à l'excès comme ces cathédrales baroques qui ne paient pas tant de mine à l'extérieur mais dont le moindre centimètre carré intérieur est saturé de couleurs et de formes. Ses histoires sont sérieuses et ne prêtent pas à rire car la situation est toujours grave, même le quotidien. Elles mettent en avant l'importance de l'effort, pour atteindre la magie ou pour simplement survivre.

Mes préférées ? Il y a « Aux frontières de Sienne » où la définition des frontières d'un duché dépend de la distance où le vent porte l'odeur de son duc défunt. Pour raison amoureuse, un homme tente d'influencer le phénomène avec beaucoup d'astuce. C'est un one-shot, c'est court et c'est superbe.
Il y a « le vitrail de Jouvence » qui n'est pas sans rapport, paraît-il, avec les Chroniques des Féals. Des villes luttent pour un vitrail aux propriétés magiques, mais c'est propriétés ont été volées par l'ajout dans la composition du verre d'un ingrédient… qui fait tout le sel de la fin. Construire un tel décor original et nous faire sentir sa cohérence en quelques pages est un vrai tour de force.
Et il y a « Songe Ophidien » qui s'inscrit dans Les Crépusculaires et nous conte l'histoire de la fille d'une famille de méduses (avec des serpents sur la tête) aristocrates qui sent ses serpents mourir car son être est attiré par une autre forme de magie. La magie présentée ici est très originale et difficile à manipuler.

Le livre se termine par une interview où Mathieu Gaborit se dévoile. Il est écrivain jardinier. Les plans, ce n'est pas pour lui. Il aime que la magie soit issue d'un travail, d'une manipulation de la matière. Il nous raconte les premières années de Mnémos avec Fabrice Colin, Stéphane Marsan et consort ; la description qu'il en fait rappelle Pigalle du début du XXème siècle. Il nous dit son dégoût de la religion organisée mais son attirance pour le sacré. Il est un roliste convaincu (mais qui ne l'est pas dans ce petit monde de l'imaginaire français? je me le demande).
C'est là que j'ai appris que Les Chroniques des Féals est probablement la série où il a le plus forcé sa nature, où il s'est éloigné de son côté jardinier. Tant pis, je me suis procuré la trilogie après avoir lu « le vitrail de Jouvence ».

On verra bien ce que ça donne.
Commenter  J’apprécie          417



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}