AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de oblo


oblo
02 décembre 2016
C'est une lecture éprouvante que celle de la connaissance de la douleur. Comme la traversée d'un désert baroque que peuplent des mots dignes d'un trésor de la langue française et que hante une histoire de souffrance intime. Roman ou autofiction : le genre lui-même pose problème. Carlo Emilio Gadda l'a écrit à partir de 1938, peu de temps après la mort de sa mère. Son héros, Gonzalo Pirobutirro est une sorte de double littéraire de Gadda : perte du frère pendant la guerre, remords profond lié à cette mort, même origine sociale, et même environnement géographique, puisque le Maradagal décrit, Etat imaginaire sud-américain, rappelle fortement la Briance du nord de l'Italie.

Tandis que la première partie du roman s'attache à décrire le Maradagal et les us et coutumes qui y sont pratiquées, la deuxième et la troisième ressemblent davantage à un long portrait de cette figure torturée de Pirobutirro. Aristocrate désargenté, il vit avec sa mère et exècre absolument la tendance de cette dernière à mêler à sa vie les humbles, qui pourtant les soutiennent. Intellectuel que le bruit du monde effraie et repousse, Pirobutirro est l'un de ces héros littéraires que l'on imagine dégingandé, qui traversent le monde et le temps dans une furie dictée par les passions intérieures.

Le roman – adoptons une fois pour toutes ce terme – est truffé de références tantôt imaginaires, tantôt mythologiques et, surtout, issues de la littérature italienne des 18ème et 19ème siècles. Les notes de l'éditeur et celles de l'auteur sont donc bienvenues pour ne pas perdre le fil d'une lecture déjà rendue ardue par les trouvailles lexicales et les constructions syntaxiques complexes. L'effort intellectuel, toutefois, est récompensé par l'esprit cynique, mordant même, qui ponctue le texte. Cela ne suffit pas, cependant, à rendre de la vie au texte, qui s'englue dans des tournures qui laissent peu de répit au lecteur peu attentionné. le style, en un mot, l'emporte sur le fond, rendant, malheureusement, le roman peu accessible.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}