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Critique de SophieChalandre


Critique ingénieusement élaborée contre la dictature de Pinochet au Chili, L'aventure de Miguel Littin, clandestin au Chili est une chronique journalistique romancée de Gabriel García Márquez qui a entamé dès les années 1975 grâce à ses succès littéraires, une période d'intense activité de journaliste engagé au service des grandes causes politiques de gauche et de la défense des droits de l'homme.

"Sans prétentions historiques" précise-t-il, Gabriel García Márquez retrace dans ce livre l'histoire vraie mais romancée de Miguel Littín réalisateur et scénariste chilien exilé que l'auteur a rencontré et interviewé en Espagne. Si García Márquez donne à ce récit le titre "d'aventure", c'est que le témoignage du cinéaste relève d'une l'épopée dans l'univers pinochetiste.

Miguel Littín, politiquement engagé à gauche, a dû s'exiler après le coup d'État militaire qui renverse Allende et met au pouvoir Pinochet en 1973. Littín se réfugie d'abord au Mexique puis en Espagne, avec l'interdiction de revenir dans son pays. Après douze ans d'exil, le réalisateur décide d'entrer clandestinement au Chili pour tourner un documentaire sur la réalité de la vie quotidienne sous Pinochet : six semaines de séjour en danger permanent et des heures de tournage, passant du complot policier à la rencontre d'activistes résistant au régime, de cachettes en dissimulations et de couverture en faux-semblants.
Narré à la première personne dans un style journalistique enlevé, limpide et fluide, très proche du style des articles que García Márquez écrivait déjà des années plus tôt dans Cronica ou El Espectador, l'intérêt de ce récit, au-delà de l'acte de résistance très courageux de ce cinéaste, est l'évocation du sentiment de l'exil, expérimenté par tant d'intellectuels latino-américains : douleur de l'éloignement, éparpillement identitaire, sentiment d'étrangeté permanent, et dans le cas de Miguel Littín, dédoublement du protagoniste inventant une couverture pour rentrer au Chili, et étouffement de son identité profonde car interdit d'être lui-même sur sa terre natale.
Cet exil, décidé ou contraint, politique ou culturel, est au coeur même de la littérature latino-américaine
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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