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Critique de bgbg


Roman publié sous le nom d'Émile Ajar, par Romain Gary en 1975. La paternité de ce prix Goncourt ne fut établie qu'en 1980, à la mort (par suicide) de son auteur. Sa matière est l'amour réciproque que se portent un jeune maghrébin et une vieille juive au terme de sa vie.
Momo est un jeune arabe, de dix ans au début du roman, quatorze à la fin, la différence relevant d'un mensonge délibéré. Momo est le narrateur, il s'exprime dans un français “crypté“, une bouillie qui mélange expressions enfantines, populaires (« se défendre avec son cul », « enfants nés de travers »), mots rares (« proxynètes », « avorter une personne », pour signifier qu'on l'euthanasie). Comme la plupart des enfants que cette Madame Rosa recueille, contre rémunération, réglée par la mère biologique ou le père putatif, mais clandestinement pour échapper aux rets de l'Assistance Publique, Momo est le fils d'une putain que sa mère a abandonné.
Madame Rosa a soixante cinq ans, c'est elle-même une ancienne prostituée. Juive, déportée, elle a connu Auschwitz, puis a fait le tapin avant d'ouvrir cette pension illicite. Momo est son préféré, Momo adore, vénère sa vieille “mère“ juive, il en devient le support avec le temps qui passe.
Quand Madame Rosa, obèse et cardiaque, a du mal à monter les six étages qui la mènent chez elle, Momo rameute des potes pour la “pousser“.
Laide, le cheveu devenant rare, devenant énorme, Madame Rosa est en soi un défi à l'ordre social, aux dogmes médicaux, à l'assistance que lui prêterait la société. Elle refuse obstinément toute interférence du monde alentour et refuse à la fois de devenir un “légume“ et d'être hospitalisée. Elle ne peut compter que sur son chevalier servant, Momo.
Autour d'eux gravitent plusieurs personnages, le Mahoute, jeune diabétique toxicomane, Monsieur Hamil, ancien marchand de tapis, lecteur du Coran et de Victor Hugo, qui a le sens des formules littéraires (une référence pour Momo), Madame Lola, travesti, prostituée, ancien boxeur sénégalais, d'une très grande générosité, Monsieur N'Da Amédée, proxénète, toujours impeccablement habillé, nigérien analphabète, mort assassiné, Nadine, jeune femme travaillant dans le cinéma qui s'attache à Momo, etc.
Apparaît à un moment Youssef Kadir qui se prétend le père de Momo et dit avoir tué sa mère Aïcha et sortir de onze ans de prison. Il voudrait reprendre son fils, mais ressortira de chez Madame Rosa, les pieds devant.

Madame Rosa est un personnage haut en couleurs, Momo est attachant à cuisiner le verbe avec autant de fantaisie, et à aimer avec si peu de restrictions. Ce roman fait vivre un monde coloré, truculent, enchanteur. Romain Gary-Émile Ajar produit des oeuvres très inégales (pour moi, qui ne suis pas fan) : celle-ci “accroche“.
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