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Critique de Sabrina_Chchch


Le Belleville chamarré des années 70, le Belleville de la prostitution, le Belleville de la diversité, le Belleville de la misère sociale mais de la richesse culturelle et de la solidarité. C'est ce Belleville que Momo nous raconte du haut de ses 10 ans.

Momo est fils de pute, au sens propre. Il a été recueilli par Madame Rosa, une femme juive, ancienne prostituée elle-même, qui garde les enfants de ces femmes pour leur éviter l'Assistance. Madame Rosa vit au 6ème étage, un drame pour elle au regard de son surpoids...

Momo nous raconte sa vie auprès de Madame Rosa et dans ce Belleville, dans une langue qui lui est propre, à la syntaxe un peu boiteuse, au vocabulaire un brin amoché. le langage d'un garçon malin et intelligent mais peu éduqué. le langage d'un enfant qui évoque des difficultés d'adulte au travers du prisme de l'innocence. le langage d'un enfant qui comprend trop tôt ce qui devrait rester des choses d'adultes. le langage de la bienveillance et de l'absence de jugement.

Mais surtout, le langage de Momo, c'est le langage de l'amour. Car il l'aime, sa Madame Rosa. Il l'aime même si elle est moche et qu'il est possible de compter les cheveux qu'il lui reste. Il l'aime même si elle manque d'argent. Il l'aime avec ses peurs de vieille juive ayant vécu l'horreur de la déportation. Il l'aime même si elle ne peut plus descendre de son appartement. Il l'aime, même si elle commence à perdre la tête et même si elle va mourir. Il l'aime au point de lui souhaiter une mort digne. Quite à rester seul.

Gary est époustouflant de justesse dans sa manière de nous décrire cette vie singulière, à hauteur d'enfant. C'est plein d'innocence, de bienveillance, de tolérance, de bon sens. C'est immensément triste mais c'est d'une grande tendresse. Et comme c'est rempli d'amour, ça fait moins mal et c'est encore plus beau.
Un roman prodigieux, à lire et relire.
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