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Critique de nilebeh


Ce livre regroupe deux courts récits, monologues de théâtre, écrits en vers libres, à dire sur scène plutôt qu'à lire, selon la préface l'auteur .

Le premier texte donne la parole à un vieillard durant tout une nuit sur le quai du métro de New-York, « sa ville », dit-il. Devant un jeune homme, il se remémore son passé, lui, Onysos à la peau noire et aux lèvres sèches. Il est né à Tepe Sarab, en Perse, dans les monts Zagros (Iran et Irak actuels) mais à peine venu au monde, expulsé brutalement par sa mère la déesse Ino, il a été démembré et brûlé. Les assassins n'ont oublié qu'un détail : son coeur est resté intact, ce qui lui a permis de renaître, furieux, avide de violences et de vengeances, avide aussi d'orgies avec les femmes dont il fait des furies dévouées et lubriques.
A partir de là, nous le suivons à travers le Proche et le Moyen Orient, en Égypte, à Akko (Saint Jean d'Acre, en Israël actuel), Chypre, enfin Ilion (Troie) qui subit la guerre avec les Achéens depuis neuf ans et sera vaincue le lendemain.
Il tue beaucoup (notamment un jeune chef qui s'est travesti en femme pour le séduire), aime aussi de façon très physique, se livre aux célèbres orgies dionysiaques, provoque la haine des hommes et la folie des femmes.
La seule belle scène reste à mon avis celle où, les Troyens étant assiégés et sans espoir, il leur révèle le théâtre. Il joue les personnages présents et leur devenir immédiat : Priam, mort, Hector dont la dépouille est traînée autour des murailles de la ville, Andromaque, désespérée.

Sexe, violence, amour traversent ce très court récit qui n'a pas vraiment su susciter mon admiration.

J'ai été beaucoup plus sensible au personnage d'Alexandre de Macédoine, conquérant, ambitieux et sans limites. Aller toujours plus loin vers l'est, imposer sa loi de la Phénicie aux rives de l'Indus, fonder des villes et rêver de toujours plus de découvertes, c'est un héros, un géant, un mythe qui se heurte à d'autres héros tels que Darius dont il prendra le trône à Babylone.

Ce texte allie l'épopée antique, le lyrisme de la poésie et la puissance du texte dramatique. Beaucoup plus que le précédent, on le sent vibrer sous le regard comme dans la voix d'un acteur. Alexandre s'adresse au dieu des morts, Hadès, lui raconte et l'oblige à écouter, pour une fois, celui qu'il s'apprête à emporter. Presque mort, mais encore volontaire. Il évoque les grands faits de sa vie mais aussi et surtout l'apparition de ce félin de lapis-lazuli vu sur les fresques de la porte d'Ishtar et rencontré, protecteur et guide, sur son parcours au travers du Moyen-Orient.

Et quand il exprime sa dernière volonté, non pas l'immortalité déjà acquise, on peut le trouver bien arrogant mais aussi partager son désir de ne pas être réduit à la poussière d'un corps fixé dans un lieu pour l'éternité. le personnage, empli de grandeur et d'humilité à la fois, ne peut laisser insensible.
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