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Critique de Gamayun


Avez-vous lu « La bibliomule de Cordoue » ? Si la réponse est non, je vous invite à découvrir au plus vite ce petit bijou. Dans le cas contraire, vous connaissez Lubna, la copiste au caractère bien trempé qui s'acharne à sauver de l'autodafé un maximum de manuscrits. le roman bibliographique dont il est question ici a probablement été une source d'informations pour le scénariste de la BD, même si Wilfrid Lupano a pris quelques libertés avec la réalité.
En fait, personne ne sait pas si cette chrétienne du nord de la péninsule ibérique est née esclave ou l'est devenue. Olivier Gaudefroy l'imagine capturée à 7 ans à Pampelune, en l'an 325 de l'hégire (soit 936/937 de l'ère chrétienne). Il y a quelques petits couacs dans les chiffres : d'une part si Lubna a 7 ans en 325, 14 ans en 332 et 22 ans en 340, elle est née en 318 et non en 320 (p 17) et elle n'a pas 36 ans en 358 (p 111) et encore moins en 368 (p 126) ; et d'autre part la grande bibliothèque de Cordoue comptait environ 400.000 manuscrits (p 169) et non 40.000 (p 180). Mais ces petits accrocs mathématiques sont vite oubliés.
Voilà un roman comme je les aime, qui entraîne le lecteur vers d'autres lieux, d'autres époques et lui apprend des tas de choses sans effort. Sachez toutefois que comme Lubna ne vivait que pour son travail, il n'y a guère de place pour autre chose, à peine une courte romance, discrète par la force des choses. Et si l'on se prend à souligner les passages instructifs, on se retrouve à souligner quasiment toutes les lignes. Il s'agit plus d'une biographie romancée que d'un roman historique. Une lecture à réserver aux plus passionnés d'Histoire, donc, Histoire avec un grand H.
En revanche, l'auteur n'assomme pas le lecteur de descriptions architecturales détaillées, et c'est tant mieux. Si vous avez visité l'Andalousie, vous visualiserez sans peine la grande mosquée de Cordoue et les ruelles et patios de sa médina. du palais, il ne reste que les bains (en piteux état), mais en repensant à l'alcazar de Séville ou l'Alhambra de Grenade, vous ne serez pas trop loin du compte. Et si vous ne connaissez que les plages de Malaga, il vous reste internet ; une petite photo vaut mieux qu'un long discours.
Longues années d'études aux frais du sultan, travail passionnant, liberté d'aller et venir qu'enviaient les musulmanes « libres », affranchissement pour bons et loyaux services… : l'auteur nous ferait presqu'envier le statut d'esclave pour une femme de cette époque. Enfin, plutôt pour une fillette. Pour celles capturées trop tard pour être éduquées, et qui ne valaient que pour leur beauté ou leur sueur, c'était une autre histoire. En outre, si Lubna n'eut aucun mal à se convertir à l'Islam, Jésus étant un de ses prophètes, d'autres furent moins malléables.
Merci à Babelio pour cet envoi dans le cadre de la Masse critique de février 2023 et merci aux éditions Turquoise, en particulier pour la dédicace agrémentée d'un charmant dessin. C'est quand même autre chose qu'un SP sur la tranche ! Une maison d'édition que je ne connaissais pas mais qui ne manque pas de m'intéresser avec des ouvrages centrés sur la Turquie (s'élargissant de l'Anatolie au Moyen-Orient et au-delà) et sur les femmes.
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