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EAN : 9781561632282
77 pages
NBM Publishing (07/06/2001)
5/5   1 notes
Résumé :
Geary explores the first assassination of one of our presidents in the hands of an obsessive-compulsive stalker.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait partie de la série des "Victorian murders" réalisée par Rick Geary. Il contient une histoire complète et indépendante de toute autre, relatant l'assassinant de James Garfield, président des États-Unis, paru initialement en 1999. L'histoire est en noir & blanc, écrite et dessinée par Rick Geary. le tome précédent racontait l'affaire Lizzie Borden (The Borden tragedy (A Memoir of the infamous double murder at Fall River, Mass., 1892)), le suivant l'affaire Mary Rogers.

L'histoire est divisée en 3 chapitres, avec une introduction et une conclusion. Introduction "The journey home" - Cette partie relate la cérémonie funéraire du président. Partie I "Parallel Lives" - Charles Julius Guiteau est né le 8 septembre 1814, James Abram Garfield le 19 novembre 1831. Cette partie retrace leur parcours scolaire et leur vie respective jusqu'en 1880.

Partie II "A deadly campaign" - le 02 juin 1880, James Garfield est choisi comme candidat par le parti républicain, devant James Blain et Ulysses Grant. le récit met en parallèle les vies de Garfield et Guiteau jusqu'à la tentative d'assassinat le 02 juillet 1881. Partie III ""The long summer" - le président n'est pas mort sur le coup, il décède le 19 septembre 1881. Cette partie relate les interventions des médecins et le comportement de Guiteau une fois écroué. Conclusion "At the bar of justice" - Cette partie relate le procès de Guiteau, le verdict et son application.

Il y a eu 4 présidents des États-Unis assassinés : Abraham Lincoln en 1865, James Garfield en 1881, William McKinley en 1901, et John Kennedy en 1963. Rick Geary a consacré un autre tome de cette série au premier assassinat d'un président : The murder of Abraham Lincoln. Pour ce tome, Geary adopte une forme assez déconcertante dans son apparente naïveté. Il décide de raconter la vie de Garfield et de son assassin en faisant ressortir le contraste entre eux, par comparaison. Mais il exécute cette mise en parallèle de manière manichéenne : Garfield est un parangon de moralité et de droiture, Guiteau n'est que malhonnêteté et absence de moralité. Garfield personnifie la réussite et l'ascension au mérite, Guiteau incarne le gâchis d'une vie dépourvue de valeurs morales fiables et passée à vivre de petites combines dans le mensonge.

À condition de pouvoir passer outre ce mode de narration qui joue sur la dichotomie entre bien et mal de manière très appuyée, le lecteur plonge à la fin du dix-neuvième siècle pour un voyage enrichissant, édifiant et surprenant. En ce qui concerne Garfield, le lecteur le suit depuis la ferme familiale jusqu'à l'accession à la présidence des États-Unis, avec ce parti pris qui en fait un exemple de réussite méritée. On le voit croiser Abraham Lincoln, s'illustrer pendant la Guerre de Sécession, et être choisi par les militants pour devenir le candidat républicain, alors qu'il n'avait rien demandé. Une telle concentration de talents dans une seule et même personne finit par produire l'effet inverse de celui escompté : le lecteur finit par s'interroger sur la réalité de ce qui se trouvait derrière une image aussi lisse et propre. Heureusement les livres d'histoire et autres encyclopédies permettent de se faire une idée plus étoffée de cet homme, de ses convictions, et de sa détermination pour arriver à la présidence. Cette consultation permet également de faire apparaître que Geary a effectué un travail de recherches solide dans la mesure où ses dessins correspondent à ce que montre l'iconographie de l'époque.

Toutefois, les pages consacrées à Garfield ne sont pas si lisses que ça, pour peu qu'on y prête attention. Ça commence avec une anecdote inventée sur sa réaction lors de l'assassinat de Lincoln, ça continue avec sa politique pour lutter contre la corruption au sein de l'administration (en particulier celle des Postes), en passant par la compétence des médecins qui l'ont soigné, ou le niveau de protection dont disposait le président à l'époque. Sans avoir besoin de lire entre les lignes, le lecteur découvre (ou retrouve, en fonction de sa culture) des aspects spécifiques de la société américaine de l'époque.

Les scènes consacrées à Charles Guiteau présentent la vie d'un individu issu d'une classe populaire, élevé au châtiment corporel, dans la piété, ayant travaillé aux champs, et dont les aspirations professionnelles oscillent entre la pratique du droit (de simple employé de bureau à avocat), et le prêche de la parole de Dieu en tant que laïque. Si l'on fait abstraction du jugement moral négatif porté par le récit, Geary dépeint une réalité sociale entre débrouilles, arnaques, et plein emploi. Par le biais des images, Geary laisse sous-entendre une instabilité mentale proche de la maladie, mais sans jamais le dire (du fait du verdict ayant exclus la folie). Il s'agit plutôt de regards habités, ou de comportements laissant supposer une vision de la réalité différente de celle du commun des mortels. le personnage de Guiteau lui laisse plus de liberté pour réintroduire son humour pince-sans-rire, à froid (alors que la stature d'un président des États-Unis, qui plus est assassiné dans l'exercice de ses fonctions imposait un respect sans faille). On retrouve ainsi l'image de l'individu qui sort par la fenêtre de sa chambre pour partir sans payer alors que le propriétaire toque à la porte, ou encore l'individu sûr de lui portant beau, imposant sa présence et son imposture à des dignitaires respectables.

Le parcours de Guiteau recèle des particularités révélatrices de certains aspects de la société américaine. Sa réussite relative dans le domaine du droit permet de penser que le niveau de compétence à l'époque ne devait pas être très élevé. Sa démarche de devenir prédicateur itinérant (mise en parallèle avec les discours de Garfield) permet d'apprécier l'importance des talents d'orateur, ainsi que le degré d'importance de la religion dans cette société. En faisant attention, le lecteur peut être surpris par la mention de la Communauté d'Oneida, et ses pratiques inattendues (les mariages spirituels simultanés). Un détour par une encyclopédie (la page wikipedia) permet de découvrir une communauté hippie avant l'heure aux préceptes déconcertants (la rétention de l'éjaculation). Ce même détour fait apparaître une erreur dans la narration (Guiteau faisait partie d'une fratrie de 6 enfants et non de 3).

Ce tome permet également d'apprécier l'investissement de Geary pour donner une vision la plus exacte possible de l'époque par le biais de dessins qui peuvent sembler un peu surchargés (sa marque de fabrique de figurer la texture par un ensemble de lignes reproduisant le même tracé), mais qui à l'examen révèlent une véracité historique appréciable. le lecteur a l'impression que son regard se promène réellement à cette époque que ce soit pour les costumes, les décors, ou les barbes.

Rick Geary narre l'assassinat de James Garfield en mettant en parallèle sa vie (exemplaire) et celle de son assassin (ratée de bout en bout). Ce parti pris déconcerte par sa candeur, mais derrière ce qui semble être l'apologie de Garfield en vue de sa canonisation, le lecteur découvre une reconstitution de l'époque pleine de vie et de verve.
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