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EAN : 9781561634989
80 pages
NBM (12/07/2007)
5/5   1 notes
Résumé :
In his next volume, Geary takes us out to the wild west and the just opened up prairies of Kansas. Out on a deserted stretch of road linking newly forming towns, a mysterious family stakes a claim and builds an inn for weary visitors. Soon, reports multiply of disappearances around that area. Generally, those who disappear have plenty of cash on them. A delicious tale of a gruesome family fronted by a beguiling lass who led their victims on...
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s'agit du neuvième récit dans la série des Meurtres Victoriens, après Case of Madeleine Smith. C'est un récit en noir & blanc, écrit et dessiné par Rick Geary ; il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre.

Comme dans les autres tomes de la série, Rick Geary commence par situer ces crimes dans le temps et dans l'espace. La lecture commence donc par une carte très basique du Texas en 1870, puis par une autre plus localisée situant l'auberge-épicerie de la famille Benders par rapport aux 2 villes voisines (Morehead et Cherry Vale) et à la voie de chemin de fer. Enfin il dessine une vue du dessus en perspective de la demeure des Benders, permettant de bien comprendre comment la pièce unique est partagée entre la partie accueillant du public, et la partie privative. À la suite de quoi, le récit est divisé en 5 parties. (1) The prairie - le lecteur apprend quelques éléments historiques succincts sur l'installation des pionniers dans cette région, leurs origines européennes, le climat en fonction des saisons. (2) The Benders arrive. (octobre 1970) - le père et le fils arrivent, achètent un terrain et bâtissent une maison. Puis la mère et la fille arrivent pour s'installer. (3) The Benders depart. - Les actions des Benders ont fini par attirer l'attention et il est temps pour eux d'aller voir ailleurs. (4) Tragic discoveries (avril 1873) - Les représentants locaux de l'autorité découvrent la nature et l'étendue des activités criminelles des Benders. (5) What become of them - Cette partie fait le point sur ce qu'il est su ou supposé de la vie ultérieure des Benders.

La première partie permet de comprendre le contexte de ces crimes, avec des phrases simples et courtes, des éléments basiques évoqués en une case, sur le déplacement des populations amérindiennes, l'allocation des terrains de manière à assurer le peuplement du territoire, l'immensité des espaces, et la facilité avec laquelle quelqu'un peut disparaître dans ces étendues naturelles. La deuxième partie continue sur le mode factuel et simple : les 2 hommes arrivent, ils achètent une parcelle chacun. Il s'en suit une case avec plan simpliste montrant la délimitation des 2 parcelles rectangulaires accolées, avec le tracé de la route et la petite mare. Ce mode narratif déconcerte un peu. le lecteur peut avoir l'impression que l'auteur écrit pour un public peu évolué. Les phrases sont courtes, uniquement descriptives, et certaines images montrent ce que dit le texte. Par exemple la cellule de texte indique "ils creusent un puits" et l'image montre l'excavation du puits vue par en dessus.

Donc le lecteur découvre l'installation de ces pionniers guidé par un auteur soucieux d'être le plus facile à comprendre qu'il soit possible. Il n'y a aucun détail superflu, et Geary n'hésite pas à dire qu'il n'en sait pas plus que les quelques éléments cités. le ton employé n'est pas loin d'être neuneu. On est loin de l'horreur que l'on est en droit d'attendre dans un récit relatant des crimes horribles. Heureusement la majeure partie des images apporte des informations supplémentaires et fait réfléchir sur l'apparente évidence de ce qu'elle montre. Par exemple, la construction à l'écart de la maison des Benders met en évidence la faible densité d'habitants au kilomètre carré. le lecteur peut sans peine imaginer l'isolement de ces 4 personnes, la promiscuité liée à la pièce unique. Il ne peut que s'interroger sur le mode de ravitaillement de leur épicerie. Devant l'immensité de la prairie, il est obligé de réfléchir à l'organisation de la société dans de telles conditions : l'éloignement des habitations, le temps pour parcourir la distance les séparant, la rareté des contacts avec le reste de la société, le nombre réel d'individus habitant à moins d'une journée de trajet de la maison des Benders, etc. La forme d'évidence avec laquelle Geary expose chaque point, chaque particularité fait naître une envie d'en savoir plus, une impression d'une vie très simple, la certitude d'une organisation plus complexe qu'il n'y paraît. En fait, ce mode narratif épuré finit par impliquer le lecteur de 2 façons : (1) il ne peut que prendre au premier degré et accepter tout ce qui lui est montré, et (2) il ne peut que s'interroger sur tout ce qu'il ne voit pas. du coup l'immersion dans le récit fonctionne parfaitement en dépit de sa simplicité.

De fait, arrivé à la quatrième partie, le lecteur n'est pas du tout préparé à la nature des crimes commis. Et là cette narration épurée magnifie l'impact de l'horreur abjecte desdits crimes. L'absence de toute hypothèse ou de toute supputation sur leur motivation les rend encore plus monstrueux, plus incompréhensibles, totalement arbitraires. Pourtant Geary ne joue jamais sur le registre du gore ou de l'horreur visuelle. Il y a bien une page s'attardant sur une large tâche de sang, mais il s'agit surtout d'une grosse tâche noire informe sur une large pierre plate. Seul le texte et le contexte indique au lecteur que cet aplat de noir aux contours irréguliers doit être interprété comme du sang ayant séché et imprégné la pierre. Geary joue avec le lecteur avec une habilité exceptionnelle. Il commence par une suite de faits inoffensifs et basiques désamorçant toute attente de sensationnel ou de voyeurisme. Puis il expose tout aussi factuellement les découvertes réalisées pendant l'enquête. Dans un premier temps, le lecteur qui sait qu'i s'agit de faits réels éprouve un peu de dépit devant l'innocuité de ce qui est montré et raconté, tout en s'immergeant pleinement dans cet environnement facile à assimiler. Puis il ne peut que prendre au premier degré ces découvertes macabres, tout aussi évidentes que ce qui a précédé. Et là, impossible d'échapper à l'horreur des agissements de la famille Benders. Au détour d'une page, Geary n'hésite pas à ironiser sur cette envie de jouer les voyeurs avec la foule qui défile devant la maison abandonnée des Benders pour voir les lieux du crime. Il montre du doigt ce comportement voyeuriste qui correspond exactement à ce que le lecteur est venu chercher dans cette lecture : les vestiges sordides de crimes abjects.

Une fois encore, Rick Geary réussit son pari de montrer au travers d'un crime, les particularités de la société qui ont permis qu'il se produise, sans aucun recours au sensationnalisme, ou à la psychologie de comptoir. Il n'y a aucune supputation sur les motivations des Benders, sur leur enfance, sur le fonctionnement de leur cellule familiale, ni même d'insinuation. Dans son dépouillement, le récit de Geary n'en est que plus horrible. Pour le tome suivant, il passe au vingtième siècle et relate à l'enlèvement d'un enfant : The Lindbergh child.
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