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Critique de agda
Bouleversant, l'effacement de soi qui dans sa logique jusqu'au-boutiste efface aussi sa propre volonté d'effacement. Il y a en effet du mystique là-dedans, du Milarepa. Et du politique probablement aussi: à la frange de cette vie radicalement épurée narrée ici, seuls les kurdes (et leur condition d'existence de sans-terre) semblent en position d'égaler le dénuement d'Erkan. Mais l'annihilation des autres par les autres, turques ou stambouliotes, médecins ou pliciers, reflète elle aussi - en bien pire cependant - celle que le personnage principal exerce à son propre égard : presque personne dans ce roman ne semble être en mesure de développer des raisons d'espérer et d'élaborer une motivation sensée. C'est la gorge serrée qu'on referme ce livre en songeant (par exemple) au destin de nombreux intellectuels turques.
