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Critique de BazaR


BazaR
10 septembre 2016
— Hé, à la queue comme tout le monde !
— Ouais, c'est déjà assez long comme ça sans ces petits c… de livres qui se permettent de couper la file pour être lu immédiatement !
— Moi ça fait deux ans que j'attends !
— Trois ans ? Ma pauv' dame, moi j'ai arrêté de compter après cinq. Je vais mourir dans cette PAL idiote avant qu'il ne me lise.
— Hmmf ! Décidément, ces Gemmel, ils se croient tout permis !
— Permettez, madame, JE suis aussi un Gemmel et j'attends aussi depuis trois ans. Quand on ne sait pas de quoi on cause on la ferme.
— Non mais dites-donc…
(cacophonie tapageuse)
— BOUCLEZ-LA !!! (là c'est moi qui crie). Je vous ai acheté ; je suis votre maître ! Je lis ce que je veux, quand je veux, et je donne les passe-droits que je veux. Vous devriez déjà être content que je vous ai choisis. Je vous préviens : le premier qui la ramène encore finira en livre d'occasion dans une librairie pleine d'insectes livrophages !

C'est vrai à la fin. Chaque fois que je craque pour un bouquin sur une envie subite, je dois faire la police dans ma PAL. Là, j'ai eu une envie d'un gâteau réputé délicieux par les babéliotes avertis et que je n'avais jamais gouté : un Gemmel de fantasy pure (i.e. non estampillé fantasy historique). Histoire de ne pas me lancer dans une série au long cours, j'ai opté pour un one-shot : l'Étoile du Matin.
Et bon sang ! J'ai pris un pied de folie !

Fantasy pure disais-je ? Voire. le monde réel n'est pas loin quand même et on ne peine pas trop à reconnaître une île de Grande Bretagne, avec de gentils Highlanders en révolte contre les infâmes anglais (ou angostins dans le roman). David Gemmel déplace dans ce décor la lutte bien connue de Robin des Bois le Saxon face aux envahisseurs Normands (de Normandie, pas ceux d'Astérix). Dans certaines scènes, Jarek Mace (la fameuse Étoile) évoque véritablement Errol Flynn, mon interprète préféré du célèbre archer. Dans d'autre, on a plutôt l'impression de voir Burt Lancaster (pour le côté acrobate) ou Mel Gibson dans Braveheart.
Mais cette comparaison est très trompeuse. Si le roman n'avait été que la copie de Robin des Bois, je ne lui aurais pas mis cinq étoiles. L'intérêt majeur réside dans le fait que Jarek Mace n'est pas ce que la légende — et accessoirement son sidekick propagandiste de génie, j'ai nommé le barde Owen — présente au monde. C'est un filou, un voleur, un coureur de femmes mariées ou de putains, un égoïste acharné qui ne cesse d'essayer soit d'échapper à ce destin de Légende qu'on veut lui faire endosser, soit à en profiter pour s'enrichir.

Les seconds rôles ne sont pas en reste. J'estime d'ailleurs que le premier rôle est en fait celui du conteur, qui n'est autre que cet Owen devenu âgé qui se décide à raconter enfin la vérité au lecteur suspendu à ses lèvres. La profondeur de champ à laquelle on a droit dans la psychologie d'Owen, mais à travers lui sur celle de Jarek, sur Mégane la vieille magicienne si savante qui cache son jeu, sur le bossu Wulf capable des pires actions comme des plus nobles, sur la silencieuse Ilka qui parient à dépasser le traumatisme de son ancien état d'objet sexuel, et sur le Pavarotti au physique de videur et à la mentalité de médiateur (une projection de l'auteur lui-même ?). Seuls les méchants sont dessinés en noir pur sans perspective grise, exception peut-être du mage Cataplasme (bon, Cataplas en vérité, mais j'ai pas pu résister ^^). Avoir plus de pénétration sur les méchants aurait été un plus, mais le livre n'aurait pas pu être le même car il aurait dû alterner les points de vue.

Bien sûr je mentirais si je limitais l'attrait du roman à qualité de ses personnages ou du décor. L'action épique est continue, les combats contre des monstres ou des angostins nombreux. Le scénario assène ses nombreuses révélations par petites doses, jusqu'à la dernière ligne. Elles peuvent nous estomaquer ou bien nous offrir le plaisir de les avoir devinées si l'on est un lecteur fréquent de fantasy. Les effets à la Martyrs d'Oliver Peru en fin de roman sont magnifiques. Oui, je sais que j'intervertis la causalité en écrivant cela, mais c'est voulu car cela s'insère parfaitement dans les péripéties de l'Étoile du Matin.

Je n'ai pas réussi à faire bref cette fois. L'effet de mon immense joie à la lecture de ce roman. Et quand je pense que je n'ai fait que gratter la surface de la bibliographie de l'auteur, je contemple mon avenir de lecteur avec beaucoup d'optimisme et d'impatience.

T'avais raison Alfaric : Gemmel, c'est génial !
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