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Critique de Zebra


« Où bondissent les gazelles » (en anglais, And Gazelles Leaping) est un livre de 319 pages écrit par Sudhin N. Ghose. Traduit par Bruno Martin et édité au Club Français du Livre, l'ouvrage a été imprimé le 10 mars 1955 en sept mille exemplaires.

L'auteur est né le 30 juillet 1899 à Burdwan, au Bengale. Son père appartenait à une noble famille du Bengale occidental ; il avait rempli pendant de nombreuses années de très hautes fonctions, tant à Calcutta qu'à Delhi. Sa mère était issue d'une famille installée depuis trois cents ans à Chandernagor. Après avoir obtenu ses diplômes à l'Université de Calcutta, Sudhin N. Ghose poursuivit ses études à Londres, Paris et même Strasbourg, où il obtint son doctorat es lettres. Journaliste, il voyagea beaucoup puis entra à la SDN qu'il quitta en 1940 pour retourner en Inde. Après la guerre, il fut chargé de conférences à Londres, où il enseigna l'histoire de l'art et la philosophie.

« Où bondissent les gazelles » traite de la recherche de l'auteur, de la recherche d'une étoile, d'une étoile pour le guider. Écrit comme les paysans du Bengale occidental racontent leurs histoires -d'une manière décousue, où le présent rejoint le passé, où se fondent les joies et les peines- des histoires racontées à la nuit tombante sous la voûte étoilée, cet ouvrage surprendra le lecteur. Tout d'abord, parce qu'il s'agit d'un long monologue, du récit par un garçonnet allant au jardin d'enfants d'une période de sa petite enfance : peu de dialogues, une parole où réalité, confidences, rêves, fiction et passé se mêlent. Ensuite, parce qu'il n'y a pas de vrai fil conducteur : ce garçonnet commence son histoire en expliquant où se trouve son école, à savoir non loin d'un bras du Gange sacré, puis en présentant l'institutrice, Soeur Svenska (une suédoise immigrée au Bengale), son assistante, Karin, une femme au coeur d'or, Moti-Didi, la blanchisseuse -qui apporte le linge propre aux enfants-, puis les divers animaux qui gravitent dans l'enclos où est implantée l'école (un porche, une unique salle et un cabanon attenant), à savoir des canes et des canards, des oies, une chèvre, un âne, un chat tigré, quelques souris et un éléphant nain, Mohan, le confident de notre garçonnet. Aux alentours, des gardeurs veillent à ce que leurs buffles ne dérangent personne, un charron travaille des barres de métal chauffées au rouge, des vaches broutent, des paons se pavanent, des cygnes batifolent dans les étangs et des singes sautent de branches en branches. Les enfants, des garçons, y vivent leur vie de petits écoliers : jeux et apprentissage sont mêlés, et il y a même quelques conflits avec de méchants adolescents désoeuvrés. Cette école est aussi une école de la vie : mélange d'ethnies, de langues et de religions, même pauvreté et mêmes rêves (ah si le facteur apportait des lettres à notre école !). Enfin, par ses fréquentes touches de poésie : berceuse de la brise vespérale dans les bambous, choeurs de voix aigües des cigales insomnieuses, danse des lucioles, parfum enivrant des tubéreuses, lune attardée au-dessus des toits de chaume, ciel de saphir saupoudré d'étoiles … Et pour finir, par sa leçon de philosophie : dans une région où la famine n'est pas rare, les enfants doivent apprendre à dominer leurs envies (ne pas manger en suffisance, ne pas réclamer de cadeaux) tout comme leurs émotions (horreur, il est question de faire démolir l'école !), apprendre à gérer leur stress, un stress généré par le comportement étonnant des adultes de la ville, toute proche (affrontements entre les communautés indoue et musulmane, heurts entre civils et révolutionnaires) et à se pénétrer de sagesse. Car pour échapper à la damnation, la conduite à tenir est claire pour les petits Bengalis : pratiquer la charité, vertu divine, se modérer (c'est à dire éviter toute colère), pratiquer la piété, chasser toute peur en l'avenir et faire confiance en la providence. Cette conduite à tenir doit les guider, les emmener sur le chemin du bonheur.

En bref, voici un ouvrage à lire en sirotant une grenadine à l'eau sous un parasol, sans se prendre la tête. Je mets trois étoiles.
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