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Critique de Andromeda06


« Luna non essere arrabbiata dai non fare la scema
Il mondo è piccolo se visto da un'altalena
Sei troppo bella per sbagliare » (*)

C'est à cette chanson de Gianni Togni que Luna doit son prénom, que Ciro, son père, écoutait en boucle et qu'elle rejoint aujourd'hui alors qu'il est hospitalisé. Voilà sept ans qu'elle n'est pas retournée à Naples, sa ville natale. Sept ans qu'elle n'a pas revu son père, à qui elle n'arrive pas à pardonner. Ce dernier étant gravement malade, elle n'a pas d'autre choix que de retourner dans cette ville qu'elle a appris à détester de plus en plus depuis son départ. Pourtant détentrice de ses plus beaux souvenirs d'enfance, Naples est aussi la ville qui a déchiré sa famille. Luna va devoir composer avec sa colère et ses ressentiments le temps que Ciro se rétablisse. Logée chez ce dernier en attendant, elle renoue petit à petit avec son passé et ses souvenirs, avec Naples elle-même, grâce aux personnes qui l'entourent : Gina, sa cousine aux mille couleurs, débordante de vitalité ; Filomena (l'humaine), la voisine bienveillante et esseulée de Ciro ; Anna, la femme du compagnon de chambrée de Ciro, un poil envahissante, connaissant tous les proverbes napolitains, qu'elle use à tout-va ; ses meilleures amies milanaises, qui ne manquent pas de la soutenir malgré la distance ; et je n'oublie pas Filomena (la chatte), qui n'a pas fini de lui en faire voir de toutes les couleurs.

Si Luna arrive enfin à se réconcilier avec Naples, pourra-t-elle en revanche pardonner à son père ? Pourra-t-elle effacer les rancoeurs ancrées au plus profond d'elle-même ?

"Luna" est le premier livre de Serena Giuliano que je lis. J'ignore donc ce qu'il en est des autres, mais pour celui-ci en tout cas, la première chose qui nous frappe, que l'on perçoit dès les premières pages et qui nous accompagne jusqu'à la fin, c'est l'ambiance typique 100% italienne, et plus précisément napolitaine : les ruelles animées, les monuments et lieux qui font sa renommée, le Vésuve, les fortes personnalités et gestuelles des Napolitains, leur parler régional et leur gastronomie.

Ce dépaysement total relève ainsi le niveau de l'histoire elle-même, que j'ai trouvée un peu trop lisse, trop facile peut-être aussi, et sans réelle surprise. Si l'autrice ne dévoile pas tout d'un coup et tente ainsi de maintenir un certain mystère autour de la relation entre Luna et son père mais aussi de sa vie sentimentale, j'avais pourtant tout compris avant que tout ne soit dit. J'ai deviné assez tôt qui était la personne avec qui Luna partageait sa vie en secret, tout comme j'avais plus ou moins compris l'événement déclencheur responsable du divorce de ses parents. Je ne suis donc pas tombée des nues lorsque tout a été mis à plat, mais ça n'a aucune importance puisque l'ensemble reste quand même sinon bien mené, au moins attrayant et très plaisant.

Et puis, en plus de l'ambiance bien dépeinte, l'autrice se rattrape également et haut la main avec ses personnages attachants, tous touchants à leur manière. Certains auraient mérité d'être un poil plus creusés, mais Serena Giuliano ayant fait le choix d'une narration à la première personne, on se contente bien volontiers de Luna.

Et enfin, même sans réelle surprise, l'histoire n'en est pas moins émouvante et drôle à ses heures, en y abordant des thèmes qui s'y prêtent. Il y est certes question de pardon et de colère, de maladie, de relations familiales compliquées, mais il est aussi question d'amour, d'amitié, de réconciliation et de relations humaines (et féline !). La gourmandise de Fatima, le caractère impétueux de Filomena (la chatte), l'ascendant d'Anna sur son mari, le jeu "Titre !" auquel s'adonnent Luna et ses meilleures amies, nous égayent tout au long de notre lecture.

Grâce à la plume légère et fluide de Serena Giuliano, le livre se dévore en moins de deux. Il a quelques petits défauts, à mon sens, comme dit plus haut, mais il n'en est pas moins un gentil et distrayant petit feelgood, qui remplit d'ailleurs bien sa mission : c'est frais, vibrant, cocasse, attendrissant. J'ai passé un très bon moment de lecture.




(*) « Luna, ne sois pas fâchée, allez, ne sois pas bête, le monde est petit si on le regarde depuis une balançoire. »
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