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Critique de Floccus


Avouons-le, j'ai picoté des bouts de textes, grignoté des images, traversé des impressions, sans m'abandonner corps et esprit à une lecture continue. Une attention intermittente en phase avec le déroulé actuel de mon quotidien qui ne m'a pas laissé le loisir d'une immersion complète. D'où ce terrible jour de retard qui s'est rajouté au temps imparti pour rendre ma critique, premier manquement de ma vie amoureuse avec Babelio - 8 années de relation toute de séduction, d'enlacements, de volupté et d'ouverture de nouveaux chemins, tout de même !

"Par instinct, j'ai distingué de la neige la ligne altérée du lagopède. Mais j'ai ignoré pendant une demi-heure le tracé d'un sentier inratable. Sélectif, l'esprit est capable des plus grands manquements et des plus hautes performances pour ce qui l'intéresse." (280)

Les sentiers fourmillent entre les pages de ce livre. Layons ou tortilles, selon l'inspiration, traversées de l'eau souvent, Alexis Gloaguen écrit en extérieur, en situation, de manière discontinue, une paire d'yeux posée sur le monde, l'autre sur la page. Les écureuils bondissent, le chevalier maubèche tourbillonne, le fou de Bassan pique en oblique. le ressenti tâtonne pour se dire sur la page. Finalement, nous étions assez en phase, lui et moi, en notre attention en pointillé. Cela donne un drôle de petit ouvrage, riche de sa couverture cartonnée à l'épreuve des voyages et de ses délicates illustrations qu'on croirait tout juste croquée, encore humides de peinture, tant l'immédiateté des impressions se fait sentir à travers le texte. C'est souvent trop écrit pour qu'on puisse se laisser aller sur un flux romanesque, le mot est tellement ciselé qu'il y faut une navigation adaptée, à petits coups de rames attentifs aux moindres cailloux, aux moindres courants. Parfois, cela réveille l'imagination dans une fluidité connivente passagère, parfois cela reste mystérieux ou un peu engoncé, trop esthète à mon goût. Mais la recherche est là. J'ai beaucoup aimé le travail qui est fait sur l'instant, le réel, la perception. Je n'ai pas éprouvé de réel plaisir, mais certaines fulgurances m'ont pénétrée et risquent de m'habiter. Je reviendrai...

"Je veux seulement me déposer sur la page comme une incitation à un souffle, ou l'air granulant les feuilles d'une haleine d'humidité. Je veux mourir au monde à la fin des paragraphes et renaître lorsqu'à la ligne s'opère l'inversion de la marée. La vie livre alors un fil d'énergie pure." (91)

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]

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