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Critique de Foxfire


San Francisco, années 70. Minnie a 15 ans. Minnie sèche beaucoup les cours. Minnie couche avec un tas de mecs. Minnie boit et de défonce. Et Minnie raconte tout ça dans son journal intime.

Sur la forme, ce "vite, trop vite" est original et plutôt réussi. Cette idée d'insérer dans les pages du journal de Minnie ses illustrations est astucieuse et permet d'accentuer le côté "vérité" du récit. Avec ces planches de dessin, on donne un visage Minnie, on voit son environnement, sa chambre, ses proches. Et ces illustrations, souvent pleine page, sont très réussies. Il est indéniable que Phoebe Gloeckner a un vrai talent d'illustratrice. Son trait et fin, le noir et blanc riche et profond. Je suis plus mitigée sur les pages sous forme de BD, disséminées ça et là dans le récit, d'une part parce que le trait y est moins subtil et d'autre part parce que ces passages dessinés n'apportent rien au récit et sont souvent une redite de ce que l'adolescente écrit.

Quant au récit lui-même, il est plutôt intéressant. le personnage de Minnie est très bien caractérisé. Sa psychologie est fouillée, elle a de l'épaisseur et la façon dont elle raconte sa vie sonne tellement juste qu'elle existe réellement. Contrairement à ce que dit la 4ème de couverture, Minnie n'est pas égocentrique. Certes, elle parle d'elle, de ses peines, de ses doutes, de ses errances. Mais c'est le propre d'un journal intime que de parler de soi. Et l'adolescence, étape ô combien délicate où l'on se cherche en tant qu'individu, écartelé entre l'enfance et l'âge adulte, est par essence une période naturellement égocentrique. Cette Minnie, paumée, désoeuvrée, je l'ai trouvée très touchante. Et si elle est parfois agaçante (comme le sont tous les ados, non ?) elle reste attachante et, malgré ses excès en tous genres, pure. Ce sont les adultes qui apparaissent ici comme critiquables. Eux qui ne cessent de dire à Minnie comment elle devrait se comporter, qui lui adressent moult reproches, sont loin d'être irréprochables ; Monroe, l'un des amants de sa mère, entretient une liaison avec l'adolescente, les adultes sniffent de la coke dans le salon sous les yeux de Minnie et de sa soeur...

Malgré tout, j'ai trouvé la déchéance de Minnie un peu exagérée. Et certains personnages m'ont semblé artificiels. Je pense aux personnages de Pascal, l'ex-beau-père que j'ai trouvé peu crédible et à celui de Tabatha que j'ai trouvée caricaturale. Ces éléments viennent amoindrir l'impression de véracité qui se dégage de l'ensemble.

Par ailleurs, le fait qu'il s'agisse d'un journal intime amène inévitablement une écriture un peu simple, peu littéraire qui, si elle sonne vraie, n'est pas toujours agréable et est parfois redondante. J'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs, l'ensemble aurait mérité d'être un peu plus concis.

"Vite, trop vite" est tout de même une oeuvre intéressante, originale et émouvante. Un beau portrait.

Challenge Multi-Défis 2016 - 12 (un roman épistolaire (journaux et mémoires acceptés))
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