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Critique de austen


Avant que j'oublie (ça arrive, dans le feu de l'action, enfin de l'écriture…), un grand merci à Babelio et aux éditions Jigal, de Marseille, pour « l'hiver des enfants volés » de Maurice Gouiran .

L'histoire commence avec la visite de la belle Samia à Clovis, journaliste plus ou moins retiré dans le massif de la Nerthe. Samia et Clovis se sont connus une trentaine d'années auparavant, quand Clovis et son ami François, alors journalistes de guerre, avaient réussi à aider Samia à survivre aux massacres des camps de Sabra et Chatila.
Alors qu'il ne se sont pas vus depuis des années, Samia demande à Clovis de partir à la recherche de celui qu'elle a épousé : François. Celui-ci est parti en Espagne, enquêter sur une histoire d'enfants volés dans les années 80, et qui aurait des ramifications encore aujourd'hui. Or depuis plusieurs jours Samia est sans nouvelles de François et elle s'inquiète.
A partir de l'enquête que mène Clovis sur les traces de François, à Barcelone, puis à Madrid, nous abordons un aspect dramatique de l'histoire espagnole : des enfants, souvent issus de familles pauvres, et/ou communistes, étaient volés à leurs parents pour être confiés à des familles bourgeoises et bien-pensantes.
Ce trafic était à l'origine organisé par l'État espagnol sous la dictature franquiste pour des motifs idéologiques ; il fallait sauver ces enfants de l'influence débilitante du marxisme. Il a été perpétué jusque dans les années 80, voire plus, pour des motifs plus bassement matériels, avec la complicité de l'Église catholique, ainsi que de médecins, gynécologues, infirmières…
J'avoue que j'avais bien entendu parler de ce scandale, mais je n'avais pas vraiment saisi l'ampleur du problème : ce sont des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d'enfants qui ont été victimes de ces rapts. En 2016, il y a encore des gens en Espagne qui cherchent, qui leur enfant perdu, qui leurs parents biologiques.
De plus, ainsi que Clovis et François l'apprendront à leurs dépens, l'histoire n'est pas réellement terminée. Les responsables de ce trafic sont encore bien souvent au pouvoir dans les années 2000, et ils font tout, jusqu'au meurtre dans le roman(??), pour empêcher la vérité d'éclater.
Parallèlement à cette enquête espagnole, Clovis tombe sur le journal intime de François qui lui aussi était à la recherche de ses parents biologiques.
Là l'histoire prend un tournant encore plus terrible : sa quête le mène à la période de la 2nde guerre mondiale et du nazisme. le principe de la purification ethnique est alors poussé à son extrême, et François apprend des choses vraiment dures sur ses origines… Tout comme la lectrice, j'allais dire innocente, disons ignorante, que je suis.
En suivant Clovis, Samia et François, je suis entrée dans les zones sombres de certaines périodes troublées de l'histoire et j'ai appris… beaucoup.
Par exemple, l'histoire de Samia, bien qu'effleurée, ramène à la surface des évènements horrifiques, que j'avais bannis de ma mémoire, et dont je ne connaissais pas les tenants.
Du coup, j'ai fait plein de recherches sur internet (vive le net, on faisait comment avant ???) : c'est la première fois qu'un roman me fait cet effet. Après la lecture de « l'hiver des enfants volés », j'ai lu des articles de journaux, des monographies et des textes historiques, et à mon avis, je ne serai pas la seule.
Maurice Gouiran prend le prétexte du polar pour nous raconter, en romançant quelquefois à peine, des pans oubliés, peut-être même tabous, de l'histoire récente.
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