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Critique de oran


Après la lecture d'une biographie d'Antonio Machado, j'avais conservé, en mémoire, la silhouette d'un violoncelliste solitaire au pied de sa tombe, celle de Pablo Casals, et depuis, je n'avais de cesse d'aller à la rencontre de ce prestigieux musicien.
La biographie d'Henri Gourdin m'autorise, enfin, ce rendez-vous.
Pablo, Pau, est né en 1876 à Vendrell en Catalogne. Très tôt il va montrer des dispositions exceptionnelles pour la musique. Son père Carlos, organiste, s'oppose à ce que son fils prolonge ses études musicales à des fins professionnelles jugeant que dans cette Espagne, à l'aube du XX e siècle, où l'on meurt encore de faim, on ne peut nourrir, ou alors très mal, une famille avec les cachets d'artiste musicien. C'est sa mère, Pilar, qui, farouchement, avec opiniâtreté, enfreignant bien des conventions, va soutenir son fils et consentir à encore plus de sacrifices pour lui permettre d'étudier d'abord à Barcelone, puis Madrid, Bruxelles, Paris, mais là les conditions matérielles étant trop dégradées il faut retourner au pays. Pourtant, petit à petit c'est la consécration, et la gloire.
Puis c'est guerre civile en Espagne, terrible épisode dans sa vie. le général Gonzalo Quiepo de LLano, chef de la propagande nationaliste menace que s'il capturait Casals accusé d'être un agitateur antinationaliste, il lui couperait les deux bras au niveau des coudes. Casals doit alors s'exiler. Il choisit la petite ville de Prades, dans les Pyrénées Orientales où il va ,dorénavant, s'occuper activement des réfugiés, tout en refusant de se produire sur scène puisque, désormais, les fascistes sont au pouvoir (Allemagne, Russie, Italie…) .
Cet isolement va se poursuivre jusqu'en 1950. Ce sont des musiciens prestigieux qui vont venir jusqu'à lui à Prades et organiser, finalement avec son accord et sa participation un concert à l'occasion du bicentenaire de la mort de Bach. C'est un immense succès. Casals sortira ainsi d'un long silence réprobateur et d'une retraite bien modeste.
Une brillantissime carrière va redémarrer et se poursuivra presque jusqu'à sa mort survenue en 1973 à l'âge vénérable de 96 ans. Entre temps, Pablo, à 81 ans aura épousé une jeune demoiselle portoricaine, Matilda de 60 ans sa cadette.

Le remarquable travail mené par Henri Gourdin s'appuie, notamment sur les souvenirs recueillis par son secrétaire Corredor Josep . Cette biographie a aussi le mérite de lister les nombreux ouvrages consacrés à Casals, de reprendre le catalogue de ses oeuvres, sa discographie (le catalogue actuel , sans doute provisoire, de ses oeuvres fait état d'une centaines de pièces de musique vocale et instrumentale), et donne des renseignements précis sur les festivals Casals, notamment ceux de Prades, de Vendrell…
Des regrets cependant: quelques photographies auraient agrémentées cette lecture, et je n'ai pas, ou peu, retrouvé dans cet ouvrage certains éléments : beaucoup plus de précisions sur son implication en faveur de ses compatriotes espagnols exilés (notamment sa participation , comme celle de Camus, Char, Malraux… pour offrir un caveau décent au grand poète espagnol) , l'échec de sa candidature au prix Nobel de la paix…

Le petit Pau avait découvert en fouillant dans une librairie musicale de Barcelone « une liasse poussiéreuse annonçant six suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach ». Elles devinrent sa musique de prédilection, celles qu'il va étudier, inlassablement, chaque jour, pendant toute sa vie, celles qui lui serviront à défendre et à valoriser le violoncelle. Il ne reste plus maintenant, qu'à'écouter, avec recueillement quelques pièces qu'il enregistra, notamment ces fameuses suites.

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