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Critique de Melisende


Grande fan de Jane Austen et notamment de son chef d'oeuvre Orgueil et Préjugés, j'ai toujours très envie de découvrir les adaptations, modernisations, réécritures, parodies… sur le sujet. Orgueil et préjugés et zombies me tentait donc depuis sa sortie en 2009 mais je n'avais pas eu l'occasion de le trouver jusqu'à récemment. Des zombies dans cette oeuvre classique, j'étais très curieuse de voir ça ! Comment Seth Grahame-Smith allait-il pouvoir introduire des créatures décomposées dans la régence anglaise ?
Très enthousiaste en ouvrant le livre, j'en ressors assez déçue, malheureusement. L'idée est bonne, quelques scènes sont amusantes mais je n'ai jamais ri aux éclats, certains éléments sont bancals et surtout, je n'ai pas retrouvé l'essence même de plusieurs personnages, ce que je trouve particulièrement dommage lorsqu'on parle de parodie !

Inutile de vous raconter l'histoire de base puisque le schéma narratif général est respecté par Seth Grahame-Smith. En revanche, il faut noter quelques éléments nouveaux : les zombies ont envahi la Grande-Bretagne à la manière d'une épidémie et sortent plus facilement lorsque la terre est humide (euphémisme dans ce pays…). Chaque voyage, aussi court soit-il, se transforme alors en expédition armée, chacun doit être en mesure de se défendre. de ce fait, les demoiselles n'excellent plus au piano mais dans le maniement des armes et des techniques de combat orientales ancestrales qu'elles ont appris au Japon ou en Chine… Et là on se demande comment les demoiselles et gentlemen de l'époque (régence donc fin XVIIIe/début XIXe) ont pu aller faire des stages dans le coin quand on sait que le Japon était complètement refermé sur lui-même jusqu'à la deuxième moitié du XIXe siècle… mais après tout, puisque les zombies existent, tout est possible !

Ce que j'ai surtout apprécié avec cette introduction, dans Orgueil et préjugés, de créatures mangeuses de cerveaux, c'est l'association de celles-ci avec la bonne société « régente » anglaise, ce qui entraîne des scènes assez cocasses. Il faudra d'ailleurs m'expliquer comment les soeurs Bennet réussissent à se battre avec leur robe empire et le corset qu'il y a dessous (la mode empire était certes plus simple et moins stricte que la précédente mais le corset était toujours d'actualité…) parce que… chapeau !
C'est également amusant de voir des femmes de l'époque fortes et quasi « indépendantes » du moins en ce qui concerne leur survie en terrain infesté. Malheureusement, si d'un côté elles peuvent être comparées à Buffy Summers, de l'autre elles restent complètement dépendantes des hommes puisqu'elles doivent se marier pour espérer s'établir (je vous rappelle que seuls les hommes pouvaient hériter de la fortune du père…). Il y a donc deux poids deux mesures, c'est maladroit et ça m'a perturbée. Soit l'auteur choisit de libérer complètement ses héroïnes, soit il respecte les convenances de l'époque mais n'opte pas pour une solution intermédiaire bancale.

Outre cet aspect maladroit, je me suis souvent demandée si l'auteur avait lu le même livre que moi et s'il y avait croisé les mêmes personnages… Je m'explique. Dans toutes les réécritures et adaptations que j'ai eu la chance de découvrir jusque là, les caractères des personnages restent les mêmes : Darcy réservé et fier, Lizzie espiègle mais posée, Caroline Bingley langue de vipère, les deux plus jeunes soeurs Bennet dévergondées et malpolies, la mère hystérique… j'exagère certains traits mais l'idée est là et je reproche justement à Seth Grahame-Smith de ne pas avoir réutilisé ces ficelles. Il a respecté certaines personnalités, je le concède : Mr Bennet par exemple, la famille Bingley également et même Mr Darcy la plupart du temps.
Là où le bât blesse, principalement, c'est du côté de Lizzie, de sa relation avec Charlotte et des jeunes soeurs Bennet. En effet, même si je pense qu'Elizabeth Bennet est une de ces héroïnes qui ont de la répartie et un sacré caractère, elle n'en reste pas moins une jeune fille de la société anglaise régente. Alors oui elle va taquiner Darcy, oui elle va se moquer quasi ouvertement de Lady Catherine et de Mr Collins mais elle reste tout de même à sa place. L'auteur en fait une guerrière avide de sang et de combats… moui… faut quand même pas pousser. Les deux jeunes soeurs semblent, au contraire, bénéficier de la bonté de Seth Grahame-Smith qui limite leur bêtise et en fait de bonnes guerrières presque aimables et bien élevées… mais mais mais… a-t-il lu le même livre que moi ? Et enfin, mais qu'a-t-il fait de Charlotte ? Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi ce sort ?
A mon humble avis, le but d'une parodie est d'exacerber les traits déjà existants, pas d'en ajouter de nouveaux qui changent complètement les personnages d'origine. Sans doute le plus gros défaut de cette « parodie », selon moi.

Côté style, c'est censé être drôle, mais ça m'a finalement assez rarement amusée. Je ris bien volontiers lorsque les choses sont drôles mais j'ai trouvé la plupart des scènes plus ridicules qu'autre chose. N'allez pas me dire que c'est uniquement parce que je n'aime pas qu'on se moque d'une oeuvre que j'aime, car je pense avoir un sens de la dérision assez développé et que j'apprécie beaucoup, au contraire, qu'on parodie ce qui peut me plaire.
Seth Grahame-Smith reprend assez bien les passages d'origine, ajoutant des descriptions et prêtant de nouvelles pensées aux personnages. Ce n'est pas mal fait, c'est simplement que parfois, c'est trop, parfois pas assez…


Et finalement, ce que je pourrais reprocher à l'auteur, de façon générale, c'est de ne pas aller au fond des choses et de se contenter d'un entre deux maladroit et bancal. Soit il fallait se détacher davantage de l'oeuvre d'origine pour faire quelque chose de très drôle et fun, soit respecter davantage le texte et ses personnages. C'est donc avec un avis en demi-teinte que j'ai tourné la dernière page de cette soit disant parodie
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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