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Critique de JIEMDE


« Si je devais me demander si j'avais un jour été parfaitement heureux, je dirais que oui, oui, à coup sûr, je l'ai été, dans les années 70 à New-York, quand la ville était une estropiée sublime, profane et tapageuse… »

Préquel de Mécanique de la chute, Plan américain de Seth Greenland – traduit par Adelaïde Pralon remet en scène Jay Gladstone. Pas follement emballé de prendre son tour dans le business immobilier familial, il rêve de cinéma. Comme son vieux pote, Pablo Schwartzman.

Car Pablo écrit. Des chroniques de films pornos dans un journal spécialisé, pour l'instant. Mais il rêve plus grand : écrire son propre scénario et même le réaliser, auréolé d'un prix confidentiel obtenu dans sa jeunesse.

Dans cette Amérique qui s'apprête à élire un ancien acteur cow-boy à sa présidence, le cinéma apparaît plus que jamais comme le nouvel eldorado, et le tandem Jay-Pablo compte bien s'y faire une place au soleil.

Le premier est persuadé de trouver les financements nécessaires et de pouvoir y faire tourner Avery, sa girlfriend afro-américaine ; le second ne doute pas d'accoucher de l'idée lumineuse qui les conduira vers le succès.

Avec Plan américain, Greenland replonge dans l'Amérique du siècle dernier, où New-York est encore un coupe gorge, l'immobilier flamboyant et le cinéma rempli de promesses d'ascension rapide. Mais sans se poser en moraliste, il en fustige les dérives :

« Tu m'as l'air d'être un gars bien, Jay, alors je vais te dire comment ça marche, le milieu du cinéma. En gros, ça grouille d'artistes de merde qui veulent bouffer dans des restos de luxe et garder leur boulot. Ces gars-là se foutent de faire des films et le mot qu'ils préfèrent prononcer, c'est non. »

En parallèle, il met en lumière ce qui, à l'époque et encore aujourd'hui, continue de ronger le milieu : argent douteux, pouvoirs excessifs, racisme et blaxploitation, mise à mal des auteurs et de leurs droits. Derrière les bobines, ça ne sent pas toujours très bon…

Même un ton en-dessous de Mécanique de la chute, c'est toujours bien senti, nostalgique à souhait et régulièrement réhaussé de piques acides qui signent la marque de l'auteur, dans un décor qui donne envie de sauter dans le premier avion pour Manhattan.

« le milieu du cinéma était comme un souk oriental. Les esthètes les plus raffinés côtoyaient des brutes épaisses aux comportements proche de l'animal. C'était euphorisant. C'était la vie. C'était le printemps 1980 et nous allions faire un film. »
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