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Critique de Tempsdelecture


pureté, c'est bien un titre que je n'aurais donné à un roman tel que celui-là. Garth Greenwell, l'auteur américain, s'est visiblement inspiré de sa vie personnelle, puis il a lui-même passé quelque temps à Sofia, en Bulgarie, pour ce que l'on nomme dans un franglais indolent, une masterclass d'écriture, il y a également enseigné, tout comme son double littéraire, à l'American College of Sofia, réputée pour être la plus ancienne institution américaine d'enseignement au-delà des frontières de l'oncle Sam. Qu'on se le dise franchement, cette histoire de professeur américain enseignant dans un pays qui m'intrigue, la Bulgarie, m'a immédiatement transmis l'envie de lire ce roman, ce n'est pas si souvent que cette capitale soit au coeur du souffle créateur des auteurs américains, européens ou d'ailleurs.

pureté est vraiment un roman particulier et dans lequel je suis rentrée avec difficulté : le livre se divise en chapitres, de longueur inégale, et le premier est à mon sens le plus laborieux.

En revanche, le narrateur, déambulant dans les rues de Sofia, nous montre une ville fascinante à la lumière de son regard d'étranger, il y dépeint un portrait tout en contrastes en allant chercher le coeur de la réalité sofiote et bulgare, en y débusquant les traces encore imposantes de son passé, en allant recueillir la pensée de ceux qui l'habitent au quotidien. Une ville pleine de lumière, de joie de vivre, dans un pays qui reste encore dans les mains d'un gouvernement, largement perverti par les clans mafieux hérités du communisme, et enclavé dans un esprit traditionnaliste encore très marqué. J'ai eu l'impression de pénétrer dans cette Bulgarie mystérieuse, bien souvent délaissée des itinéraires touristiques, mais que le narrateur a choisi, d'ailleurs la remarque lui ait faite sans qu'il n'y apporte vraiment de réponse claire, hélas. Au-delà de ça, j'ai apprécié les retranscriptions des témoignages désabusés sur ce qu'est devenu le pays après sa libération du joug soviétique en 1989. Car même s'il y a eu des pays qui sont parvenus à aller de l'avant, la Bulgarie fait partie de ceux, et ils sont quelques-uns, qui sont restés bloqués dans un simulacre de démocratie, gangrénée par le népotisme et le clientélisme.

Sans parler de cette nostalgie du communisme. La Bulgarie n'est pas que cela, car l'auteur amène également à travers la voix de ce professeur américain et surtout à travers celles de ses élèves bulgares la question de son identité actuelle ; Il y a ce passage éloquent ou l'une se plaint de n'être dans un pays invisibilisé aux yeux du monde, confiné entre plusieurs grandes puissances, et que tous les symboles forts qui justement constituait son identité commencent à être vieillissants. Et j'ai sans aucun doute apprécié qu'il livre à son lecteur cette vision unique et spirituelle du pays que sans lui, nous serions passés à côté : Bulgaria na tri moreta, cette Bulgarie des trois mers, l'époque ou le pays englobait la Thrace. Enfin, puisqu'il n'y a personne de mieux placé que le narrateur pour en parler, le mouvement lgbt encore bien en marge de la société, et ce n'est pas la paire de drapeaux arc-en-ciel qui flottent au milieu des autres manifestants qui va arranger cela. Cet obscurantisme me fait penser par bien des égards à la situation des lgbt en Russie, pire en Géorgie, ou ils sont pourchassés et tués.

Le dernier reproche que je ferai au roman, avant d'en finir, c'est ce manque de cohésion entre les chapitres, qui ne sont pas vraiment reliés entre eux, une transition aurait été la bienvenue pour que l'ensemble ne se transforme pas en un corps de texte confus. Je suis donc très partagée sur ce roman qui contient parallèlement de bien jolis moments à travers les rues de la capitale bulgare et des pages ou l'auteur s'est perdu dans les dédales de scènes salaces interminables et franchement pas indispensables. C'est finalement un roman qui me laissera assez tiraillée, mais Garth Greenwell a su donner un avant-goût si suave de la Bulgarie qu'il compense largement certaines lourdeurs.




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