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Critique de umezzu


Difficile de savoir par quoi commencer la critique de cet ouvrage. le fond ou la forme ? D'habitude, la logique veut que l'on commence par le sujet, avant de détailler la prose. Si le sujet ne plaît pas, n'intéresse pas, inutile de passer de fastidieuses heures de lecture. Pourtant dans ce cas, le hic provient, non du sujet, mais de la phraséologie exagérément travaillée de ce Philippe B. Grimbert – homonyme quasi parfait d'un autre romancier, aux formulations plus simples et plus directes.

La critique publiée sur ce site par Christophe_bj exprime parfaitement mon sentiment à ce sujet. Pendant quelques pages, suivre les phrases de l'auteur, complexes, riches et ne manquant pas parfois d'un certain humour, est amusant. Puis, le procédé s'installant dans la durée, difficile de se réjouir au début de chaque nouveau paragraphe. Tel Salieri commentant la musique de Mozart, j'irai jusqu'à dire : « trop de mots »… Quel vocabulaire, quelle imagination dans l'écrit… quel ennui aussi de devoir laisser ses yeux traîner longuement pour suivre chaque phrase en tentant d'en comprendre le sens. Grimbert a écrit chacune des phrases de son livre comme si elles concourraient au championnat du monde de la richesse lexicale… Et il y a gagné moult médailles… Ceci étant, certains érudits y trouveront leur plaisir. Moi, j'ai été à la limite de consulter mon dictionnaire, à défaut d'un psychiatre, à plusieurs reprises.

Et c'est finalement dommage, car encore une fois l'auteur a des ressources, il sait se moquer d'un milieu culturel, qui, pour faire assaut d'originalité, complexifie à outrance la présentation de ses oeuvres. Il sait aussi railler cette prétention parentale de voir en nos enfants les êtres les plus parfaits qui soient. Ceux qui méritent le meilleur. Pas le collège ou le lycée du secteur. Trop banal, trop populo... trop mal fréquenté si il faut vraiment mettre des mots qui fâchent. Non, la voie royale passe par une domiciliation fictive chez une rusée concierge malienne vivant prés du célébrissime lycée Henri IV. Voilà ce que Paul, chercheur, veut pour sa fille Bérénice. Avec l'accord muet de Sylvie, sa femme, qui n'a guère voix au chapitre sur ce sujet. le père veut voir sa fille sur les rails d'une réussite scolaire et universitaire hors norme. Et est prêt à tout pour l'y maintenir quels que soient les obstacles à ce projet.
L'auteur met le doigt – avec force – sur les grands écarts entre les grands discours égalitaristes et la réussite individuelle, voulue avec plus acuité encore pour la génération suivante. Une réalité un peu taboue. Il envoie aussi quelques critiques au milieu de la recherche, et à l'utilisation abusive de thésards étrangers pressurés par leurs directeurs d'études. Il se moque plus gentiment des amours adolescents et des malentendus qui peuvent s'installer entre garçons et filles de cet âge.

Le fond est là, distillé avec intelligence, mais la forme, encore une fois, occulte tout.
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