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Critique de Nastasia-B


Les Trois Fileuses est un drôle de conte à la morale très trouble.
Jugez plutôt : une fille issue d'une famille humble est la honte de sa mère tellement elle est paresseuse. Un jour, pour la punir, sa mère lui fait rentrer le code du travail dans la tête à coups de claques quand, précisément, la reine vient à passer dans les parages.
La souveraine s'enquiert des pleurs de la jeune fille. La mère n'osant avouer la fainéantise de sa progéniture invente un petit mensonge bien senti, comme quoi sa fille aime tellement filer que ses faibles revenus ne lui permettent pas d'acheter autant de lin qu'elle en demande et pourtant, il n'y a pas moyen de lui faire quitter le fuseau, même par la force.
Émue, la reine annonce qu'elle adore entendre le son du fuseau et qu'elle possède en son château quantité de lin à filer qui ne trouve pas preneur. Elle emmène donc avec elle la paresseuse et lui confie la tâche de vider trois pièces remplies à ras bord de montagnes de lin. Sa récompense pour son labeur sera ni plus ni moins d'avoir le privilège d'épouser le jeune prince, car la reine tient en haute estime les filles courageuses qui savent faire montre d'endurance au travail.
La feignasse se retrouve donc dans de beaux draps (de lin ?) et malgré l'enjeu refuse de se mettre à l'ouvrage. Par chance, sous ses fenêtres passent trois fileuses dont le corps est déformé par le travail.
La jeune fille interpelle les travailleuses et leur expose le marché auquel elle a part. Les trois femmes, l'une à la lèvre pendante, l'autre au pouce surdimensionné et la troisième au pied gigantesque, trois formes de "déformation professionnelle" due à l'exercice du filage acceptent la transaction moyennant le droit d'être invitées au mariage princier.
Les trois fileuses exécutent l'ouvrage vite et bien, à telle enseigne que la belle jeune fille paresseuse gagne son droit à épouser le prince.
Celui-ci, choqué de voir trois telles personnes difformes lors de son mariage interroge son épouse sur la cause de leurs déformations. Celle-ci explique que ce sont les opérations du filage du lin qui ont eu raison des dimensions de ces dames. Apprenant cela, le prince interdit à sa femme à l'avenir de faire tout travail, de peur qu'elle ne se déforme, elle aussi.
Quelle étrange moralité où les paresseux sont récompensés et les courageux montrés du doigt. Pourtant, pas inintéressante cette conclusion, à nous d'en tirer notre propre credo ; est-il toujours payant de se tuer à la tâche ? Y a-t-il une justice pour les efforts consentis ? La chance s'abat-elle toujours sur les plus méritants ? Allez savoir...
Un drôle de conte, mais qu'il est très intéressant de considérer et ce en quoi il faut louer les frères Grimm de nous avoir dressé ce testament de sagesse populaire issue des tréfonds de l'Allemagne laborieuse (" l'Allemagne qui se lève tôt " aurait dit quelqu'un). Mais ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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