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Critique de Fifibrinda


Littéraire curieuse de sciences naturelles, nourrie de mythologie, longtemps lectrice de récits d'explorateurs et de romans d'aventure, il me fallait bien un jour croiser la cryptozoologie, et de préférence dans un ouvrage « sérieux ». Voilà qui est fait, grâce à Masse critique et aux éditions Delachaux et Niestlé. Benoît Grison, docteur en sciences cognitives, biologiste et sociologue des sciences, entre autres qualifications, s'emploie en effet à définir et situer les balises de cette science. Il fait ainsi la différence entre la « pop cryptozoologie » et la cryptozoologie des naturalistes.
La première, relevant du fantasme, repose sur des rumeurs et des spéculations ; la seconde adopte une démarche scientifique, interdisciplinaire, et s'appuie sur des observations de première main.
La science cryptzoologique, telle que définie par B. Heuvelmans, père de la discipline, s'intéresse à des animaux à l'existence controversée, s'interrogeant avec une rigueur toute scientifique et, donc, est susceptible de compléter des connaissances plus « classiques ».
Mais bien des pièges guettent les cryptozoologues, manipulations malintentionnées, canulars de taxidermistes et autres fausses pistes. Dans le cas où l'étude scientifique conclut à l'une de ces manipulations, elle contribue bien entendu à faire la lumière sur un cas, mais aussi à asseoir la réputation de sérieux et de « maturité » de cette discipline relativement récente et mal connue qu'est la cryptozoologie.
Car il subsiste, aujourd'hui encore, des créatures « dans le purgatoire épistémologique », sans que l'on ait pu établir si elles relèvent de la zoologie ou du folklore. C'est le cas, par exemple, de Bigfoot.
En revanche, le rat géant de Vangunu, dans l'archipel des Salomon, a pu faire l'objet d'un travail à la méthodologie très stricte, définie par Heuvelmans : collecte de témoignages de première main, indices matériels, définition des zones de répartitions puis obtention d'un spécimen. A l'issue de cette étude, l'animal a donc été versé au grand inventaire de la biodiversité.
Ce ne sont là que deux exemples parmi tant d'autres cités et expliqués par l'auteur, à l'appui de son exposé. Et c'est là un des atouts de ce livre, accessible à tout lecteur un peu curieux, sans prérequis scientifique. On le lira aussi bien comme un voyage fabuleux à travers un monde qui garde encore une part de ses mystères.
Ce copieux album, abondamment illustré de photos, de gravures, de dessins scientifiques, d'illustrations plus « fictionnelles », se penche ensuite sur de nombreux cas : yéti, kraken, serpent de mer, hommes sauvages et autres rescapés d'époques préhistoriques sont évoqués en détail au fil des chapitres. Nous parcourons ainsi le monde sur les traces de ces êtres à l'existence controversée, sources de fantasmes, légendes et curiosités.
Quant à l'avenir de la discipline, il sera fait de progrès dus à ceux de la biologie moléculaire et de la technologie, mais il est aussi menacé par la sixième extinction. La discipline contribue donc à enrichir la biodiversité autant qu'à la protéger répertoriant de nouvelles espèces.
Une lecture passionnante, donc, riche et largement documentée, mais jamais fastidieuse ou jargonnante. Les chapitres assez courts, les nombreux exemples, les encadrés documentés et illustrés, les index, glossaire et bibliographie, une iconographie riche, variée, servie par une mise en page soignée et une impression de qualité font de cet album un « beau livre », un excellent exemple de vulgarisation scientifique intelligente et accessible, et une invitation à rêver encore aux mystères de notre Terre.
Merci à Babelio pour les belles heures passées dans ce livre.
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