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Critique de dvall


Je remercie les Editions Seghers et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique. Lu d'une traite, en une soirée.

Le dernier bagne pour enfants en France a fermé un an avant ma naissance en 1977. C'était à Belle-Île. J'ai visité celui de Tatihou, au large des côtes normandes. Celui dont parle ce roman est situé sur l'Île du Levant, dans la commune d'Hyères. Ces colonies correctionnelles étaient de véritables pénitenciers, souvent à vocation agricole. Elles se voulaient des purgatoires éducatifs, elles n'étaient que des enfers pour mineurs en marge de la société. C'était d'ailleurs bien pour ça que ces colonies étaient souvent établies sur des îles, en marge du continent et de la vie normale, pour tenir ces petits délinquants ou enfants trop oisifs loin du regard, et les oublier.

La structure du roman alterne entre l'histoire de la révolte de 1866 sur l'Île du Levant et l'adolescence de l'autrice dans les années 90. Une adolescence désoeuvrée, rebelle, elle aussi en marge d'une société dont elle refuse les velléités de formatage. Je suis né à la charnière des générations X et Y, alors toutes ces références que l'autrice égrène me sont familières, déclenchent le souvenir et le sourire. La narratrice et ses potes, qui forment le clan de « Ceux de la Table », écoutent Nirvana, Daft Punk, Radiohead et Les Cranberries. Ils sèchent les cours, se révoltent face aux profs soporifiques, portent des couleurs fluo et fument de la beuh. Ils seraient nés un siècle plus tôt, leur place aurait peut-être été au bagne pour enfants. C'est à partir de ce constat que l'autrice construit sa trame narrative, comme deux histoires parallèles. L'une ponctuée de couplets en VO de tubes des années 90, l'autre agrémentée d'extraits d'archives documentaires.

La mise en abyme de ces deux récits est intéressante, et même si je n'émarge pas complètement au propos de l'autrice sur l'échouage programmé de la génération Y, il fait naître la réflexion sur les échecs éducatifs et le sacrifice des inadaptés. Préface et postface ont le feu pour narrateur, celui par lequel la mort arrive pour certains enfants rendus momentanément à la vie au fil de ces pages. J'aurais aimé passer plus de temps en leur compagnie, en savoir davantage sur eux et leur vie au bagne. Tout se précipite. Quant au récit sur « Ceux de la Table », », il m'a semblé trop superficiel et un peu inabouti… à l'image peut-être des vies immolées. L'ensemble se lit vite, laissant intelligemment davantage d'interrogations que de réponses.
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