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Critique de colimasson


Ce n'est qu'après avoir lu « Les états multiples de l'être », ouvrage central de l'oeuvre de Guénon sans lequel le repérage du point d'origine de son discours s'avère être des plus hasardeux, que je comprends qu'il m'aurait fallu lire les « Symboles de la science sacrée » à une date reportée, en tout cas pas immédiatement après « La Crise du monde moderne » ou « le Règne de la quantité ». Ces deux derniers essais sont ordinairement considérés comme les plus accessibles et les plus synthétiques de Guénon, et pour cause puisque leur auteur ne revient pas explicitement sur les principes métaphysiques qui fondent son oeuvre. Ces deux essais plaisent ainsi davantage pour leur ton polémique que pour leur rigueur logique. Autrement dit, Guénon semblera très bon dans ces ouvrages sans que le lecteur ne comprenne vraiment pourquoi. Si le lecteur enchaînait alors aussitôt avec les Symboles de la science sacrée sans se douter le moins du monde des prémisses qui fondent la structure du corpus guénonien, il pourrait approcher l'ouvrage avec la sympathie ou la méfiance que suscitent habituellement en lui les divers dictionnaires de symboles qui se multiplient sur les mauvais étals à mesure que croît le taux de chômage.


Il apparaît toutefois clairement que Guénon ne traite pas les symboles à la façon toute moderniste de l'émoi affectif ou esthétique, qu'il ne cherche absolument pas à renouveler le sens des symboles dans une sorte d'entreprise de recyclage de biens immatériels et qu'il ne puise pas dans des corpus disparates selon une méthode aléatoire biaisée par des attentes personnelles non élucidées (sélection motivée par le besoin d'autoconfirmation) ou conscientes mais non explicitées (susciter l'autoconfirmation des thèses de l'auteur par l'apport de preuves apparemment externes). Guénon se branle de toutes ces petites chicaneries esthético-sentimentales, ce qui ne l'empêche pas d'être sensible à la beauté suscitée par toute forme d'harmonie. La science sacrée qu'il évoque est la métaphysique, et les textes issus de la Tradition sont les gardiens éternels du sens des symboles dont elle est la source.


Au-delà de ces quelques spécificités qui feront d'entrée de jeu comprendre au lecteur qu'il n'ouvre pas un stupide dictionnaire des symboles pour interpréter ses rêves comme on lit l'avenir en déchiffrant les rides de son front, les types mêmes des symboles sur lesquels s'attarde Guénon surprendront par leur caractère abstrait. le symbole est ici moins image que dynamique. Il suffit pour s'en assurer de lire les titres des grandes parties de l'essai qui traiteront tour à tour des symboles du centre, des symboles de la manifestation cyclique, des symboles du centre et du monde, des armes symboliques, des symboles de la forme cosmique, du symbolisme constructif, du symbolisme axial et du symbolisme de passage et enfin du symbolisme du coeur.


Evidemment, cet essai semblera n'apporter aucune réponse. La raison en est que son lecteur s'en sera emparé avant d'avoir pu formuler la moindre question. Ainsi moi-même y reviendrais-je peut-être un jour, si la vie se résorbe en ma faveur.
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