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Critique de koalas


koalas
24 septembre 2015
« J'ai entrepris de me détruire, je sais que tout a basculé, que je ne ferai pas machine arrière. Je suis une personne, parmi des millions, qui se laisse dévorer par les flammes de son enfer…"

Le ton est donné

Jérémie Guez nous glisse dans la peau d'Abraham, un petit voyou qui traîne dans le quartier nord à proximité de la Goutte d'or. Il a pour meilleur ami de galère, Goran, connu sur les bancs de l'école- qu'ils ont désertés très tôt. Deux potes au franc parler, peu bavards mais directs comme les coups qu'ils donnent ensemble tard dans la nuit. Joints, deals, zone, petites arnaques, bagarres de bar, nuits dans les commissariats, sont pour eux l'enchaînement quotidien. Les yeux vides, ils regardent leur vie couler jusqu'au jour où Abe (diminutif d'Abraham) monte d'un cran et organise en comité restreint un braquage. Leur premier gros coup qui leur ouvre une porte...infernale

"Paris la nuit" est le premier opus de la trilogie parisienne de Jérémie Guez. Dès l'ouverture du livre, Abe nous prend à la gorge et nous glisse dans sa peau, sa galère et son Paris des quartiers populaires. Le "je" s'impose d'emblée, le ton est abrupt, sans concession, les dialogues sont crus, les insultes fusent de leurs bouches comme des coups. Les phrases courtes et cinglantes donnent du rythme et du souffle au texte et à l'atmosphère noire et étouffante de la nuit.

J’étais resté estomaqué par la lecture de son deuxième roman "Balancé dans les cordes", un mince mais puissant roman noir gravé dans ma mémoire, ce qui est pour ma part, le signe d'un bon auteur. L'histoire de Tony, un jeune boxeur qui s'accroche à ses gants pour sortir de sa condition. Un combat noir et perdu d'avance contre la violence et la haine qui finira par le détruire.

Pour Abraham, l'anti- héros de "Paris la nuit", la lutte est inexistante, la spirale est infernale : déscolarisation, galère, nihilisme, je m’en foutisme, baston, deal... sa vie, il la regarde partir en vrille "On ne fait rien de nos vies, on les regarde couler et cela ne nous gêne pas" .

Seul un gros coup peut le sortir de sa condition mais certainement mais pas de son propre enfer...

"Paris la nuit", un court roman noir imparable au style direct, percutant. Une descente en enfer dans la nuit de Paris.

Jérémie Guez, un écrivain qui sait faire couler de l'encre bien noire sans laisser de blancs !
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