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Critique de AlexJd


«On construit un souvenir à partir d'une sensation évanescente, d'une photo perdue et, peut-être, d'une bribe d'instant réellement vécu, relégué depuis longtemps dans un flou définitif. On appelle cela la mémoire.» Et cette mémoire fait tant défaut à Marie-Ange Guillaume, auteure et narratrice de ce «Aucun souvenir à Césarée», ville israëlienne aux ruines antiques visitée dans sa jeunesse, dont elle ne garde aucune trace dans son esprit, la déclarant pourtant «inoubliable» dans une lettre adressée à sa mère.

Et de sa mère, disparue au début des années 2010, il en sera question tout au long de ce livre. Sa mère «de malheur et de colère, sa mère cassée, sa mère bâtarde, sa mère reine en son royaume, sa mère fragile et douce partie sans l'attendre, sa mère en elle si proche et incongrue», sa mère qu'elle ne pensait pas aimer mais qu'elle admire, sa mère qu'elle cherche partout une fois partie. Et grâce à sa mère, grâce à «ses cahiers, ses écrits, sa voix sur magnéto, les photos», Marie-Ange Guillaume va non seulement la faire vivre quelques temps encore, mais aussi se battre contre l'oubli, graver dans sa mémoire les souvenirs qui lui faisaient défaut, redonner de la couleur à son enfance dont elle ne se «rappellait que les choses dures et sèches, les cris, la peur, les angles des murs où elle se cogne. Où étaient les rires, les soleils et même les larmes ?». Nombreuses sont les régions du temps que Marie-Ange Guillaume a vécues sans vivre, dès son plus jeune âge, entourée de sa mère qui se sent inférieure et de son père, «tyran domestique, indéchiffrable, père à mi-temps, mystère jamais résolu, odieux, souvent cruel, mais si tendre aussi, la douceur à fleur de peau». Précieux sont donc les documents, les objets que lui ont laissés ses parents pour se souvenir de sa part oubliée.

«Aucun souvenir de Césarée» est un témoignage familial, un témoignage d'amour des siens, de cet amour que l'on a tant de mal à exprimer parfois du vivant des personnes côtoyées. Marie-Ange Guillaume, nous livre avec émotion, avec ses mots puissants, vivants, venant du coeur, un roman de réconciliation avec son père, sa mère et elle-même. Une jolie plume qui fut pour moi une belle découverte et un très bon moment de lecture.
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