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Critique de raton-liseur


Cette longue nouvelle est souvent publiée dans l'ombre d'un texte plus conséquent mais elle mérite d'être lue pour elle-même, et ce d'autant plus qu'elle est ici accompagnée d'une préface d'Albert Camus, contemporain et ami de l'auteur.
Préface, d'ailleurs, qui dit tout ce qu'il y a à dire, ma note de lecture ne rajoutera rien. Il est question de pudeur, de ton juste, « qui ne flatte ni ne méprise le peuple dont il parle et qui lui restitue la seule grandeur qu'on ne puisse lui arracher, celle de la vérité. » (p. 8) mais d'émotion quand même. [Albert Camus] écrit : « Je défie (…) qu'on lise ce récit sans le terminer la gorge serrée. » (p. 9) et j'ai été de ceux qui ont eu la gorge serrée.
Pourtant il n'y a pas grand-chose dans ce livre. Un maçon, Jean Kernevel, vieux garçon d'une cinquantaine d'années, pauvre oui, mais sans excès, la soupe assurée tous les soirs, un petit verre au bistrot à la fin de la semaine, mais guère plus. Rien qu'une chambre meublée d'un lit, d'une table et de deux chaises. Des amis, mais aussi une grande solitude qui ne se dit pas. Mais parfois le corps trahit, et le coeur de Jean Kernevel n'a plus vingt ans. Il ne lui faudra pas plus de quelques jours pour passer, et pas même un soupir pour se plaindre. Une vie simple comme aurait dit un autre écrivain. Une vie simple et digne, vécue sur la pointe des pieds et quittée de même.
Et la superbe plume de Louis Guilloux pour dire cela, sans jamais un mot plus haut que l'autre. Encore une fois, il me faut convoquer Albert Camus pour le dire : « Guilloux ne cesse de se maintenir à la hauteur exacte de son modèle, sans le dégrader et surtout, oui, surtout, sans le majorer. » (p. 9). Une nouvelle comme un petit joyau modeste dans la veine des écrits ouvriers de Louis Guilloux.
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