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Critique de Renod


A l'aube de ce 11 septembre 1939, le ciel est clair, le soleil déjà haut ; une belle journée d'été s'annonce. le narrateur se promène dans la gare de Saint-Brieuc. Volontaire au sein d'un centre d'accueil, il attend un train de réfugiés originaires de Paris ou du nord du pays. Une sirène d'alerte qui se met à hurler et la présence de soldats anglais rappellent que la France est entrée en guerre une semaine plus tôt. le narrateur aperçoit au loin un vagabond et se remémore sa rencontre trois mois plus tôt avec un soldat Républicain nommé Salido. le narrateur s'occupait alors de l'accueil de réfugiés espagnols pour le Secours rouge. Au sein d'un groupe de miliciens blessés, le lieutenant Salido se singularise par son « regard de bête folle de rage derrière les barreaux ». le narrateur le compare à un chat sauvage. Lors d'une entrevue, Salido lui a communiqué son souhait de s'évader pour gagner Moscou. le narrateur accepte d'aider le fugitif.

Le second récit débute peu après la libération de Saint-Brieuc. Louis, le narrateur, est interprète auprès du maire de la ville. Désoeuvré, il accepte la proposition d'officiers américains d'assurer la traduction des enquêtes et des procès de la justice militaire des forces armées américaines. de par sa mission, il se situe au coeur de l'action. Il a beau être le témoin privilégié de l'Histoire en marche, il se sent étranger aux événements. Les GI sont bienveillants à son égard et affichent une assurance impressionnante et un optimisme naïf. Lors des séances de la cour martiale, les fractures de la société américaine apparaissent au grand jour. Les soldats jugés pour des faits de viol ou de meurtre sont exclusivement des afro-américains. Ils sont condamnés à mort dans la plupart des cas. le seul blanc poursuivi pour le lâche assassinat d'un résistant est acquitté. Cet officier des Rangers s'était pourtant déjà illustré par sa folie furieuse en abattant gratuitement des prisonniers allemands. C'est la guerre, son lot d'injustices, de tueries et de malheurs...

J'ai retrouvé dans ces deux récits la marque de fabrique de Louis Guilloux. L'écriture est précise et limpide. Tout est raconté avec justesse et simplicité. Il raconte aussi bien l'histoire de militants communistes qui organisent la fuite de leur camarade espagnol, par solidarité, que celle d'un maquis breton écrasé par la milice. Les témoignages sont poignants, réalistes et sans fioritures. Figure oubliée, Louis Guilloux demeure pourtant un écrivain majeur du XXème siècle.

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