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Critique de lafilledepassage


Je m'installe confortablement, je suis un peu en avance. J'ai fixé rendez-vous à Thomas dans son café préféré, ici près du parvis de Saint-Gilles. Pourvu qu'il vienne. J'espérais assez naïvement l'y trouver déjà installé, car c'est ici qu'il écrit. C'est ici qu'il se nourrit du spectacle de ses contemporains pour écrire des histoires sombres, des histoires qu'on aimerait qu'elles ne sortent jamais des livres. Comme si de les avoir écrites agirait tel un sortilège et empêcherait qu'elles se réalisent. Mais pour le coup je dois bien avouer que j'ai du mal de voir dans ce Rocky, dernier rivage un futur possible mais évitable. Malheureusement.

Car oui des familles souriantes et unies sous le soleil des plages du Sud (ouais les selfies sur la plage d'Ostende sont beaucoup moins photogéniques) ou sur les pistes des stations huppées des Alpes françaises (je ne vous parlerai pas des pistes de ski belges. Mais oui ça existe. Allez vérifier si vous ne me croyez pas), on en connait toutes et tous des tonnes. Surtout sur les réseaux sociaux, d'ailleurs. Dans la vraie vie, de telles familles se font plus rares, vous avez remarqué ? Des familles qui amassent le fric et les joujous en tout genre. Des pères de famille prêts à tout (mais vraiment tout) pour « protéger les leurs », au prix de briser les rêves de leurs ados en devenir. Ah sacro-saint patriarcat. Et là on se dit qu'un bon coup de pied dans la fourmilière serait salutaire. Patience, ça viendra. Et alors tout recommencera. En mieux, voyez plutôt :

« Durant des années, l'île n'avait été qu'un support, un socle, un appui pour la maison et tout ce qu'elle contenait. À leurs yeux, elle n'avait été rien d'autre qu'un morceau de basalte auquel on ne prêtait pas attention.

À présent, à son tour elle était devenue maison, elle avait pris le relais de celle qui avait disparu dans les flammes.

Alors, ils apprirent à la regarder et à la connaître. Ils découvrirent ses reliefs, ses côtes, la nature de ses surfaces, les caractéristiques de ses parties.

Ils l'habitèrent, elles les protégea, ils firent partie d'elle, ils étaient comme les oiseaux qui la survolaient, comme les phoques qui venaient se reposer sur ses rochers.

Ils devinrent comme sa pierre, ses plantes, sa terre.

Ils étaient en vie. »

Oui en mieux. C'est pour ça que je veux rencontrer Thomas. Pour le remercier pour ce formidable espoir qu'il nous offre avec ce livre. Un livre foncièrement lumineux dans un avenir qui s'annonce de plus en plus sombre.

Bon l'heure tourne. Thomas n'est toujours pas là. le café se vide, on me dit qu'il va bientôt fermer. Je rassemble mes petits papiers. Tant pis pour moi. Faut dire avec ce vent et ces averses interminables, malgré les 10 degrés de cette fin décembre, il ne fait pas bon mettre un écrivain dehors…
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