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Critique de AgatheDumaurier


J'ai postulé pour ce livre à la Masse critique car tout ce qui concerne la seconde guerre mondiale m'intéresse, et le journal de Monique Guyot nous offre un angle et un point de vue rares sur la guerre, de même qu'une leçon générale assez effrayante sur l'humaine nature.
Monique Guyot écrit son journal dans le Vercors. Elle habite à Villars-de-Lans, où est caché Pérec à peu près au même moment il me semble...et possède une ferme plus loin dans la montagne, en plein dans le maquis. Elle relate des faits qui courent sur 1944 et 1945, dont la bataille du Vercors, la Libération, l'épuration. Tout ce qu'elle raconte est replacé dans son contexte et annoté par l'historien Philippe Laborie, qui réalise toute la paracritique autour du texte original. L'ensemble, d'une grande qualité me semble-t-il, a donc plusieurs niveaux d'intérêt.
Tout d'abord, un intérêt historique : Monique est sur les lieux, au jour le jour, et pourtant, comme elle ne comprend rien à ce qui se passe ! On vit avec elle la vie de la Française (laquelle ? c'est la question. La Française de base ? Inquiétant. Une Française particulière ? )...La vie de la Française Monique, au coeur d'une guerre qui la dépasse complètement, c'est affolant. La région est truffée de Résistants, qui vivent quasiment avec les habitants, qui sont pour certains les habitants, mais pas tous. C'est compliqué. Ils se baladent en groupes armés, se servent dans les fermes pour se ravitailler, demandent à Monique ses papiers, l'interrogent sur ses allées et venues, mettent les autres, et surtout les enfant dont elle s'occupe, en danger par leurs actions terroristes stupides et les représailles allemandes...Bref, pour Monique, ce sont de véritables emmerdeurs inutiles, de jeunes voyous qui s'amusent avec des armes à feu au milieu des bonnes gens, elle les déteste. Elle déteste aussi les Allemands, ces envahisseurs, ces assassins. Elle ne prononce pas une fois le mot "nazis", elle n'a pas l'air au fait de ce mouvement de pensée...Monique est un peu à la masse : elle n'écoute que la radio de Vichy et elle n'aime que le maréchal, le sauveur de la France...Elle ne semble avoir aucune conscience de la politique de collaboration de Vichy avec l'Allemagne nazie. Elle n'a pas l'air de connaître "l'Allemagne nazie", ni Hitler d'ailleurs. Son horizon c'est : le Vercors, les voyous dissidents qui désobéissent au maréchal, les Allemands qui tirent dans le tas. Et la révolution communiste qui arrive par les dissidents, mais on ne sait pas comment parce qu'elle n'a aucune réflexion politique. Aucune. Elle ne fait pas le lien entre les choses. Staline, l'armée rouge, Churchill, Roosevelt, la guerre dans le Pacifique, Stalingrad ...Hein ? C'est qui, c'est quoi ? Les Japonais ? C'est assez affolant de voir un tel aveuglement. Et pourtant Monique est quelqu'un d'éduquée, son frère et son neveu sont dans la résistance...Mais ce n'est pas pareil, parce que ce sont son frère et son neveu. Bref, Monique est une terreur. Elle refuse de voir les choses et vit dans le déni. C'est l'apport psychologique intéressant du texte, car nul doute que des millions de Monique hommes et femmes peuplent la terre. Pas méchants ni vicieux : jamais elle ne dénonce personne, et elle en aurait bien l'occasion. Mais tellement égocentrique qu'elle ne voit pas plus loin que le bout de son jardin. Ah ces Américains et ces Anglais qui débarquent ! Quel bazar ils mettent ! On ne peut plus aller à Grenoble chercher des trucs indispensables pour Maman, un manteau que sais-je! Et ce De Gaulle ? Ah ! Elle les déteste tous !
Jamais elle ne se dit : et si les Allemands restent...Ah ! mais oui, elle ne sait pas que l'Allemagne est nazie...Et puis les Juifs et les Communistes, elle les déteste...Dangereuse et stupide Monique...
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